Jeudi 21 Décembre 2023
Hier soir j’ai cru que j’étais dans le film « les oiseaux » de Hitchcock ou en plein milieu du Nevada lors du passage d’un nuage de sauterelles. Les moucherons nous sont tombés dessus non par centaines, non par milliers, non par millions, mais par milliards. Ils étaient partout sur nos vêtements, sur bras et jambes, nos visages, dans nos cheveux. Les petites lampes dehors étaient entièrement recouvertes, aucune huile essentielle d’aucune sorte n’a réussi à les éloigner. Nous avons dû rentrer à l’intérieur toutes ouvertures bloquées et à la clim’ pour diner à 4 avec Brigitte et Humphrey.
Au matin ce n’était que d’énormes tas noirs comme de la suie au pied des petites lampes, sur les parois verticales, au plafond et sur toutes les surfaces planes, du carré au pont.
Même l’aspirateur n’en venait pas à bout, nous avons dû y aller à coups de seaux (pas moins d’une cinquantaine) d’eau de mer, à nous casser le dos pour les remplir. Il en fut de même à bord de Karlana ce matin.
J’espère que nous ne nous appellerons pas Sisyphe ce soir et que les moucherons se seront calmés.
Au réveil, petite nage de 1 heure pour se détendre pour aller voir les hauts fonds sur lesquels les vagues viennent prendre de l’élan pour mieux écumer.
Puis direction la plage que nous atteignons à la nage après avoir amarré l’annexe à une bouée qui ne peut faire le chemin jusqu’au bout compte tenu des rouleaux. Nous voilà donc barbotant tous dans l’eau trainant nos sacs que nous espérons étanches.
La petite paillotte de la plage nous attend pour un barbecue de langoustes rien que pour nous 4.
Puis un taxi vient nos prendre pour nous diriger vers Codrington à l’autre bout de l’île où une barque à moteur nous emmène tout au Nord dans des dédales de crottes de mangrove basse pour aller voir le sanctuaire des frégates (mais nâaaan, c’est pas le cimetière des vaisseaux de la marine, pftt, si tu crois que ça ça nous intéresse !).
C’est incroyable il y a 20 000 frégates qui piaillent et volent dans des bosquets sur 2 crottes très vertes, et rien que sur ces 2 là, par sur celles voisines. Ce sont des oiseaux noirs à longue queue et fines et élégantes ailes. Les femelles ont le ventre blanc, les mâles un goitre flasque rouge orangé et les bébés (qui ont quand même une taille adulte) ont une tête blanche.
A quoi reconnait on de loin un mâle ? parce qu’il fait son beau. Il n’y a pas que chez les coqs, les paons et les bipèdes. Comme quoi les mâles se ressemblent tous. Il n’y a pas eu d’évolution Darwinesque de ce côté là depuis la nuit des temps. Et quand il veut attirer femelle pour plus si affinités, notre cake se met à enfler son goitre pour le transformer en un superbe ballon de baudruche rouge orangé du plus bel effet. Ah ! ça ! on ne peut pas dire le contraire, c’est absolument magnifique; et, à voir le nombre de bébés, cela lui réussit plutôt bien. Pendant la saison estivale, il laisse bobonne et son unique rejeton pour aller chercher conquête aux Galapagos où il recommence son cirque avant de revenir dans son foyer caribéen et recommencer. Une femelle dans chaque port, CQFD.
Avant de rentrer au micro quai de Corington, nous traversons cette micro mangrove pour marcher sur la 11 miles beach , une très longue plage de sable blanc et rose déserte et sauvage, bordant une mer couleur lagon. Epoustouflant.
Au retour nous avisons attristés deux superbes constructions abandonnées au bord de cette plage, constructions hôtelières ravagées par Irma et le micro complexe hôtelier laissé depuis à l’état d’épave. L’eau a dû monter et éroder le sable, tant et si bien que les 2 bâtisses se sont littéralement cassées en deux sous l’effet du sol meuble qui se dérobait. La moitié des murs, de la terrasse et du toit git encore dans l’eau. J’en ai encore le frisson.
Retour au bateau pour le coucher de soleil, des images magnifiques plein la tête. Ce soir chacun dine de son côté pour laisser les estomacs au repos.