Staniel Cay , Warderick Wells Cay, Exumas – Bahamas

Lundi 8 Avril  2024

Le mouillage commence à clapoter et nous décidons de partir, à regrets, mais nous ne sommes pas fâchés de laisser les méduses à leur solitude – enfin presque puisqu’elles ne se déplacent qu’en bandes organisées à l’image de celles de nos banlieues chaudes sur les parkings des centres commerciaux.

En principe nous étions partis pour rejoindre l’ile d’Eleuthera au Nord Est, mais au bout de 2 heures de maltraitance, mer sur essorage grande vitesse, vent fort, sous voile, mais moteur pour compenser les vagues, personne n’en pouvait plus.

Décision radicale, changement de cap tout le monde se déroute vers Wardewick au Nord Ouest. Du coup sans être des conditions idéales, c’est beaucoup plus confortable et cela se passe à la voile et non plus au moteur. Nous marchons du feu de Dieu à 9 nœuds avec 19 nœuds de vent par le 90.

Arrivés à la passe pour rentrer dans la baie plus qu’étroite et mortifère de Warderick, nous prenons notre élan, les 2 moteurs à fond tant le courant de 2,5 noeuds nous contre et les vagues crépitent en écumes fulminantes. Tout le monde pense que ce n’est vraiment pas le moment qu’un des moteurs nous lâche sinon c’est la fin du voyage.

Nous arrivons dans une baie époustouflante où un chenal turquoise étroit de 20 mètres se fraie un passage entre des eaux transparentes de 50 cm couvrant un sable blanc, sable totalement découvrant à marée basse et sur lequel on peut marcher à pied sec. Le paysage de ces Bahamas est toujours plus beau que celui de la veille, et on se demande toujours comment la prochaine étape peut être encore plus belle.

Le droit à l’erreur n’existe donc pas dans le chenal sinon c’est à coup sûr la mise à quille sèche. Le vent et le fort courant qui vide la grande baignoire sont impressionnants et nous attrapons les bouées avec une dextérité dont nous ne sommes pas peu fiers.

Nous n’avons pas le temps de pousser des ouf ! de soulagement de nous savoir arrivés à bon mouillage que bon nombre de canadiens en zodiac nous tournent autour nous offrant au besoin leur service de traduction en anglais (selon la bonne réputation des français en la matière). Mais que se passe t il ? en fait la VHF canal 9 que nous n’avons aucune raison de contacter cherche à nous joindre à plusieurs reprises et ce sont nos voisins de bouées canadiens qui viennent nous prévenir pensant que nous ne comprenions pas la langue de Shakespeare.

Nous nous rendons donc au bureau du Parc en dinghy (celui qui nous appelle sur le canal 9) pour apprendre qu’il fallait contacter le canal 9 dès 9h00 du matin pour espérer avoir une place, enfin peut être si Cheryl est bien lunée et si d’autres prétendants au mouillage dans ce paradis ne hurlent pas plus fort que toi, le nombre de places étant limitées. Ah bon ! mais c’est marqué où ? pas sur le site du Parc, car nous avons cherché avant, pas à l’entrée du chenal car il n’y a aucun panneau, pas sur le site des joyeux plaisanciers aux Bahamas qui au contraire disent premier arrivé premier servi, pas d’après Féline passé la veille , lequel non seulement n’a rien demandé et s’est installé mais n’a pas non plus payé la bouée, le bureau étant fermé. Alors on fait comment dans ces cas là ? Eh ben ! il faut le savoir et puis c’est tout ! Cheryl, joyeuse drille qui sourit quand elle se brule et se montre fort accueillante uniquement 1 jour par an de son choix entre 8h01 et 8h02, nous fait payer la redevance, chouette ! elle nous attribue les bouées que nous avons déjà prises ! Mais que nenni ! en fait elle nous fait payer l’ancrage qu’elle nous impose à 45 minutes de route de là, car il faut faire tout un détour pour passer de l’autre côté de la baie tant les fonds sont bas, comme bientôt notre porte monnaie si maintenant on fait payer l’ancrage libre !.

Soulagés de 22,50 euros par nuit, nous repartons donc penauds et dépités pour 45 minutes pour aller chercher un arrêt aux stands de l’autre côté de la baie et enfin ancrer dans des eaux tout aussi turquoises mais moins pittoresques.

Le vent souffle, ça clapote mais nous sommes mieux protégés qu’à l’extérieur de la passe.

A faible distance de nous est ancré Tellus un catamaran Lagoon 45 S avec lequel Stéphane a déjà échangé sur les réseaux maritimes.

Steve, français de 43 ans, sa très belle femme Emma, aux très beaux yeux bleus couleur lagon, lithuanienne de 36 ans et leur adorable poupée blonde de 3,5 ans aux yeux bleus ravageurs viennent nous dire bonjour. La petite famille habite en dehors de la France depuis plus de 20 ans, 12 ans en Chine, 2 ans à Taiwan, 2 ans en Roumanie, puis Dubai. Steve écrit des logiciels pour smart phones, elle monte des sociétés d’ameublement pour hôtellerie, et change de profession au fur et à mesure des opportunités. Les aventuriers d’aujourd’hui à qui cela semble bien réussir. Cela se transformera le soir même en un apéro, puis en un diner à bord de Ile de Rey à 6 : Mahoa – Tellus et Ile de Rey.

La vie de ces jeunes (enfin jeunes comparés à nos propres artères) est passionnante. Steve apprend aux vieux croutons que nous sommes ce que sont les bitcoins et comment cela marche. C’est un convaincu de la première heure (et je crois que son compte en banque doit le remercier) et il est captivant.  Je craque pour la petite Adelina, bilingue anglais/français au caractère bien trempé, qui s’exprime comme un livre, et me suit partout comme par exemple  à la cuisine où elle m’explique que quand je mets du vin blanc dans mon risotto c’est pour qu’il soit plus juicy (plus juteux). Ce fut une très bonne soirée.

Absconder n’avait pas pu nous rejoindre car son tirant d’eau de 2,50 m l’avait remisé à 1 KM de notre avant poste.

 

 

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