Traversée Cuba – Guatemala

JOUR 4

A 10H30 heure Guatemala (18H30 France) il nous reste 103 miles avant le virage . Le vent est de 6 nœuds, nous sommes au moteur . 103 à moyenne 5 miles : 103/5 : encore 21 heures (1260 minutes car chaque minute gagnée est une minute de soulagement) , cela donne une arrivée vers 7h30 demain matin au virage puis encore 20 miles derrière. L’aube se levant à 4h50, nous pourrons aller un peu plus vite si l’opportunité d’une brise favorable se présente.

Mon ordinateur est déjà bouillant. Les cordons de recharge des Iphone rendent l’âme les uns après les autres . Surchauffe ? humidité ?

Après midi, nous sommes toujours au moteur, la mer s’est un peu calmée et ne subsiste qu’une houle de face mais assez longue. Il est 16h00, les vaguelettes ressurgissent.

One Cat est arrivé au mouillage et nous signale des dizaines d’abeilles assez agressives ainsi que des méduses et des fumées aux odeurs nauséabondes . Après investigation il semble qu’il y ait de l’apiculture dans la zone de Livingston !!! Manquait plus que cela. Comme si la mule n’était pas assez chargée.

Pour compléter le tableau j’ajouterai que de notre côté à 80 miles de l’arrivée nous chassons l’Objet Volant Non Identifié, savoir un tas de trucs virevoltant autour de nous sous forme de papillons de nuit ayant des insomnies puisqu’il fait jour et des machins qui ressemblent à des bâtons mais s’enfuient à tire d’ailes quand on pichenette dedans.

Donc au programme à Rio Dulce : moustiques – taons – abeilles – insectes zarbi non identifiés – singes hurleurs – serpents – scorpions – méduses ……. Une vraie pub de tour operator pour la zone !  ou pour éco / bobo / parigot en mal de communion avec Dame Nature, j’m’en vais passer l’adresse à la Sardine Rousseau, cela lui fera du bien !

NUIT 4

Apéro à deux le soir sur le deck, nous sommes repassés à la voile. Petit vent de 9 nœuds bien établi sur mer plate, on avance super bien à 4,5 nœuds, on glisse comme un avion furtif, on n’entend même pas le bruit de notre sillage. Du coup apéro à 2 (ben oui ! ils auraient fait comment les autres bateaux pour nous rejoindre sur le pont ?) sur le deck, ambiance lounge bar avec nos petites lampes Fat Boy (et hop ! je renoue avec le placement de produits, par ici la monnaie !) suivi d’un dîner presqu’aux chandelles. C’est un instant magique, un instant suspendu entre ciel et mer , un instant comme il en existe peu en bateau. L’air est juste ce qu’il faut pour ne pas avoir trop chaud. What else ? Quand même quelques bestioles (micro moucherons et maxi papillons de nuit) qui gâchent un peu le plaisir.

Pas le temps de finir le dessert, quelques gouttes se mettent à tomber, il faut redescendre d’un étage pour se mettre à l’abri. Dommage !

A peine suis je partie prendre du repos à 21h00 que le vent commence à forcir et 30 minutes plus tard j’entends une forte pluie et surtout des vibrations anormales du bateau. Je remonte et là oh ! horreur ! les éléments se déchainent ! le vent monte à 30 nœuds puis 35 nœuds et les rafales à 41 nœuds, la pluie tombe drue. C’est le déluge, les foudres de l’enfer. Stéphane et moi sommes trempés au poste e pilotage car je reste pour soutenir Stéphane face à cette adversité dans un silence tendu, les yeux rivés sur l’écran radar qui nous situe en plein milieu d’une énorme masse rougeoyante . Il faut rentrer le génois pour soulager la structure.  Pour la grand voile elle a déjà 2 ris . En prendre un troisième serait idéal mais c’est trop tard, on ne peut pas prendre un ris supplémentaire dans cet enfer, les tensions du grément sont trop fortes. Nous n’y voyons pas grand-chose, la mer est déchainée, le vent hurle lorsqu’il reprend de l’élan. C’est angoissant !

Nous nous disons que comme tout grain cela devrait passer rapidement, hélas au bout de ¾ d’heure nous sommes toujours pris dans cette mélasse. D’un commun accord les 3 catamarans font demi tour pour tenter d’échapper à ces conditions et laisser passer le grain. Puis nous retrouvons un vent de 15 nœuds et reprenons notre route mais toujours sous une pluie battante. Stéphane en T shirt est frigorifié et s‘équipe de la veste et du pantalon de quart, un comble ! Nous sommes tous sonnés. Le vent est maintenant de face, il faut pousser les moteurs pour avancer .

A 3 heures je prends mon poste sans avoir vraiment dormi, somnolé 30 minutes tout au plus. La pluie s’est aussi calmée, le vent est retombé à 6 nœuds mais il est toujours e face et c’est au moteur que nous prenons le virage à 5h00 pour finir sous japonais au mouillage à 9H00.

La nature est luxuriante et tropicale avec de nombreux palmiers et quelques maisons assez cossues aux toits de chaume le long du littoral sans plage. L’eau est vert sombre, reflet de la nature. Un vrai paysage de carte postale des tropiques, le sable blanc en moins.

Nous sommes tous crevés. Traversée épuisante. Un finish en apothéose !

JOUR 5

Nous inspectons les éventuels dégâts. Rien de notre côté. Seas to See a déchiré son génois.

Je lave les sols poisseux pour redonner un semblant d’humanité à ce catamaran.Il fait très lourd, pas un pet de vent, ambiance tropicale quoi ! tu t’attendais quand même pas à autre chose ?

Il fait très lourd, pas un pet de vent, ambiance tropicale quoi ! tu t’attendais quand même pas à autre chose ?

Déjeuner sur Ile de Rey pour les 3 bateaux pour fêter notre arrivée, décompresser et débriefer sur nos expériences de la nuit.

Absconder a mouillé hier soir à 22h00 devant la passe de Livingston  pour être tracté ce matin à 9h00 au dessus du seuil du banc de sable de l’entrée de la rivière , son tirant d’eau de 2,50 mètres ne lui permettant pas de rentrer dans le Rio Dulce.  Il a été couché amarre en haut du mât, liston dans l’eau, par un bateau tandis qu’un autre bateau le remorquait . One Cat est reparti de notre mouillage de Punta Manabique avant que nous arrivions ce matin pour suivre la trace de Absconder car sans devoir être couché il fallait qu’il profite de la marée haute pour passer, son tirant d’eau étant supérieur au nôtre. Demain matin nous passerons à marée haute et nous nous retrouverons tous à Livingston pour accomplir les formalités d’entrée au Guatemala.

Cet après midi, sieste de récupération de la nuit dernière et ce soir chacun chez soi car nous attendons un gros grain. Nous devons nous réfugier à l’intérieur du bateau portes fermées car nous sommes attaqués par les énormes papillons noirs de nuit. De ce fait nous transpirons à grosses gouttes dans une chaleur indescriptible. Je crois qu’il faut se résoudre à mettre le générateur en marche pour faire aller la clim’.

2 autres catamarans, venus de nulle part, sont arrivés pour nous coller ce soir au mouillage – comme si la mer n’était pas assez grande ! – alors qu’il y avait toute la place autour de nos 3 bateaux, et en plus le british a le culot de nous demander de mettre la VHF en veille sur le 71 au cas où il serait trop près cette nuit si le vent devait méchamment se lever ! What the fuck !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *