Mercredi 5 Juin 2024 au Dimanche 9 Juin 2024 – JOUR 1 – NUIT 1 – JOUR 2 – NUIT 2
JOUR 1
Il a plu cette nuit et nous ne nous en sommes pas rendu compte et les hublots étaient ouverts. Heureusement pas de dégâts.
A 8h00 Absconder et Seas to See quittent le quai, ils souhaitaient partir de bon matin. Mahoa et Ile de Rey préfèrent partir en fin de matinée car rien ne sert de courir …..comme dit l’adage ….. . Nous avons 550 miles à parcourir en tablant sur 5,5 noeuds de moyenne >>>>> maintenant vous êtes rodés et parés à appareiller >>>> 550/5,5 = 100 heures >>> 100/24 : 4 jours et des pouillièmes. Si nous allons plus vite nous arriverons le matin du 4eme jour et si nous faisons moins de 5,5 nœuds nous arriverons l’après midi du 4eme jour donc en principe jamais la nuit sauf pépin.
Nous voyons arriver en dinghy à quai , One Cat un catamaran français de 60 pieds conçu par Maxence et mouillé près de la plage de la Sirena où nous étions il y a 3 jours. Ile de Rey et One Cat s’étaient suivis sur les réseaux sociaux maritimes depuis quelques temps car faisant le même trajet Sud Cuba en partance pour le Rio Dulce au Guatemala. Il s’avère que Maxence et Flo (nom de guerre de Muriel) sont des amis de très longue date de notre neveu Guillaume Rey, amitié remontant à l’Ecole d’architecture navale de Southampton où ils étaient aussi colocataires ! Le monde est petit.
Il est même microscopique car Maxence et Flo ont navigué quelques temps pendant leur périple de 3 ans en mer des Caraïbes avec Sohoc un catamaran français dont le couple Olivier et Sophie sont des amis d’enfance de Mahoa . Sohoc est aussi en route pour Rio Dulce au Guatemala et ne devrait pas tarder à nous rejoindre !!!
Il n’y a aucun plaisancier sur l’eau et les seuls sont des français que nous connaissons tous.
C’est incroyable ! C’est la French Exode !
One Cat a bien du mal à obtenir son visa de sortie de Cuba de l’officiel douanier borné en charge. Dans un premier temps ils ne devaient pas pouvoir obtenir le Saint Graal avant demain matin. A force de pousser le borné débordé de travail (eh ! oui ! il a osé avancer cet argument ! alors que One Cat était le seul bateau), One Cat obtient un délai raccourci à cet après midi 15h30. Nous lançons alors une offensive sur le « commercial » de la Marina qui pressure le borné et obtenons un départ de One cat pour 13h00. Ouf !!!
Avec l’aimable participation de notre regretté Léon Zitrone : « De leur côté Mahoa, casaque blanche toque bleue et Ile de Rey , casaque jaune toque verte, s’alignent à 12H30 sur la ligne de départ. Top! les voilà partis par vent de travers de 14 nœuds, mer un peu formée à la houle, le terrain est lourd pour les chevaux de toile. Ile de Rey devance Mahoa le temps d’une demi après midi puis Mahoa cravache son destrier qui repasse en tête (tu me diras comment tu as fait Mahoa !!!!). Les 2 embarcations sont au coude à coude à 5,5 noeuds dans la moyenne prévue, quand …….tout à coup ……vers 17H30 un TGV déboule derrière eux. Partis avec un handicap de plus d’1 heure, One Cat les dépasse à 10 nœuds comme une fusée, l’appel d’air leur redonnant 0,05 nœuds de vitesse de plus …. ».
Et voilà ! One Cat est déjà loin, le temps d’une photo sous voile en mer. Absconder et Seas to See à 18 miles devant ne devraient pas tarder à sentir le vent de son boulet sans comprendre ce qui leur arrive.
Il fait toujours très chaud et très humide sur l’eau.
NUIT 1
Mer hachée désagréable et déstabilisante physiquement.
Vent instable on passe de 17 nœuds à 9 nœuds puis rien donc moteur avec des angles qui varient de plus de 30 degrés allant vers un vent du Sud ! On roule le génois on remet le génois on roule le génois on remet …..etc….Stratégie d’évitement des orages qui zèbrent le ciel.
Relève toutes les 3 heures.
Les draps sont humides , il fait horriblement chaud et on dort très mal.
JOUR 2
On alterne moteur et voile. Le vent pas très violent, voire un peu lymphatique ou neurasthénique vient du Sud Est . Nous sommes au près. Notre moyenne à 5,5 nœuds en prend un coup. Les vagues ne sont pas hautes mais la mer est désagréable.
Les grains nous guettent de tous côtés. Je me mets volontiers sous la rigole de pluie froide qui coule depuis le fly dans le carré extérieur près de l’escalier (euh, une petite erreur de conception Mr Fountaine Pajot ?) Cela fait un bien fou. Quel bonheur !. Je rêve d’un bon feu de cheminée qui sent bon le charbon de bois, la montagne, et la neige dehors qui couine sous les pas et étouffe les sons. Dis donc Germaine ! jamais contente ! il y en a qui paieraient cher pour être à ta place !
Mahoa et Ile de Rey veillent l’un sur l‘autre à moins de 1 mile d’écart et Mahoa ralentit quand Ile de Rey est à la peine , mais pourquoi à la peine ? Mystère ??? même tonnage, même longueur et largeur, mais Ile de Rey est moins rapide, que ce soit sous japonais ou sous voile ! Explique moi Germaine !
One Cat nous fait régulièrement des coucou par Whatsapp c’est sympa. Ils sont déjà loin devant nous ouvrant la voie. Je suis jalouse : quand nous faisons sous voile à peine 5 nœuds par vent de 10 nœuds, One Cat fait du 10 nœuds, il est aussi rapide que le vent . Ben ! ouais ! c’est ça quand on a un catatordant conçu par un p’tit gars du métier ! Dis donc Guigui quand est ce que tu nous en dessine un rapide aux couleurs de la famille ?
Nous croisons 3 ou 4 cargos car nous traversons le rail reliant le canal du Golfe du Mexique à la mer des Caraïbes mais ce n’est quand même pas le périphérique. Enfin si ! cela donne une image du périph’ parigot pendant les JO quand Notre DRame de Paris (je dis bien avec R ) aura interdit toute circulation !
Sinon aucun plaisancier à part nos désormais 5 bateaux tous français, les nouveaux aventuriers des mers du XXI eme siècle, mers jadis dominées par les Espagnols, les Portugais et les Anglais, la revanche des grenouilles masquées en quelque sorte. D’ailleurs c’est facile de nous repérer sur Marine Traffic il n’y a que 5 bateaux marqués en rose qui partent de Cuba vers le Guatemala à la queue leu leu …… c’est NOUUUUUS !
Lecture, dodo, cuisine sans oublier Candy Crush .
La nuit sera encore sans lune, déjà que les nuits, ce n’est pas drôle….
Comme il y a un décalage horaire de 2 heures entre Cuba et le Guatemala nous avons reculé notre montre de 1 heure (décalage maintenant avec la France de 7 heures) et nous reculerons encore une fois d’1 heure demain. La nuit tombe donc vers 20h00 heure locale.
Spéciale dédicace à nos 3 enfants éparpillés si loin de nous, à leurs conjoints et notre Josef, tous adorés , vous nous manquez, on pense à vous, hâte de vous retrouver et vous serrer dans nos bras (hihihi !!! maintenant que vous êtes adultes on a de nouveau le droit de vous faire des câlins pas comme à la sortie de l’école quand vous aviez 14 ans !). Le prochain cata devra contenir au moins 5 cabines pour vous caser tous et vous emmener dans nos aventures telle la tortue qui emmène sa maisonnée sur son dos.
NUIT 2
Quelle nuit ! Le vent oscille entre 20 et 25 nœuds poussant l’outrecuidance jusqu’à 27 nœuds.
Nous sommes obligés de prendre un 2eme ris dans la grand voile (facile la nuit quand on n’y voit rien) et là obligée de faire appel à un ami (mais je ne m’appelle pas Valérie Hayer pour autant), j’appelle donc Stéphane qui s’est couché il y a moins d’une heure. Pour le 2eme ris dans le génois, j’arrive à me débrouiller seule mais de ce fait je me fais distancer par Mahoa qui doit être plus téméraire et a dû laisser un seul ris et pas deux dans l’italien. Les éclairs zèbrent le ciel derrière nous. C’est une course contre la montre qui s’installe pour y échapper. Les yeux rivés sur le radar annonciateur d’un possible cataclysme s’abattant sur nous me maintiennent bien éveillée (au radar c’est une grosse masse rougeoyante et menaçante comme l’enfer que j’ai déjà eu l’occasion de décrire dans un précédent épisode) .
Nous marchons en constant à 8,5 nœuds avec des pointes à 9,5/10 nœuds au moment de décider de prendre un 2eme ris dans la GV. Une telle allure soutenue sur une telle distance est une grande première pour Ile de Rey, surtout au près.
Apparait maintenant à l’AIS un petit triangle vert qui n’est autre que Seas to See à 6 miles devant nous, pourtant parti avec 4 heures d’avance de Marina Cayo Largo.
Nous reformons donc à 3 un petit train sur les flots , tels les fous du volant, dessin animé des années 70.
La mer est horrible , hachée, des vagues et du courant contraires. Dis tu peux pas arrêter 5 minutes le manège ?
Quant à One Cat il nous donne des nouvelles via Whatsapp. En 40 heures il nous a mis 55 miles dans la vue ! C’est sûr c’est à lui de préparer le T-punch à l’arrivée, il aura même le temps d’en préparer un tonneau.
Le lit est toujours aussi humide, comme de se coucher dans des draps qui viennent d’être simplement essorés. Il n’y a pas que les draps qui le sont. Les planchers et nos corps sont poisseux de moiteur. On colle, et on se cogne aussi partout.
Le bateau roule, roule, roule, autant que dans la chanson éponyme de Soprano (eh oui ! j’aime bien Soprano ! je ne suis pas sectaire et je sais reconnaitre un petit gars bien !). Le concours de parodie de cette chanson, à la gloire de la mer, est ouvert !



