Rovinj – pula

Mardi 21  Juin 2022

Il fait chaud et très moite.

Nous avons visité Paris – Venise – Rome dans la même journée, le marathon du parfait touristique . Naaan j’rigole mais quand même visite de Rovinj le matin et Pula en fin d’après midi . Ah! on ne chôme pas à bord de Ilederey , ça envoie du lourd .

Donc Rovinj et ses hôtels de luxe – compter environ 750 euros la nuit (soit plus que le salaire minimum mensuel d’un croate) – ou même 1300 euros la nuit dans le nouvel hôtel super luxe de la Marina super luxe ACI de Rovinj dont la place de Port eut été de 370 euros pour notre embarcation, si un coup de folie nous avait pris !

A Rovinj plus de restaurants que de cash dans mon compte en banque mais moins tapageurs que les panneaux photos 4 par 3 de saucisses de Strasbourg et burgers en tous genres en 25000 langues auxquels nous avait habitué Trogir. Trouvé un petit resto pas cher à menu dégustation à seulement 1144 kuna par personne soit 152 euros – nous cherchons encore les étoiles Michelin qui vont avec le prix du menu – que nous avons préféré laisser aux allemands- autrichiens – suisses qui pullulent dans les rues et dont la langue de Goethe semble être bien plus maîtrisée par les commerçants que le français. Le français n’est pas doté du même portefeuille.

Vers 11H30 un doux bruit sur les pavés moyenâgeux polis par les âges : les valises sortent leur nez, c’est l’heure de la migration des Apartman/Sobe/Zimmer.

Au fil des rues anciennes, il y a l’endroit mais aussi l’envers du décor. Un envers abandonné de véritables splendeurs (selon mes propres critères qui n’engagent que moi, toute seule, personnellement) qui mériterait d’être remarquées et de toucher au cœur un mécène qui souffrirait dans sa chair de laisser à la nature le droit à l’oubli de ces logis.

Il y a aussi le marché aux fruits et légumes plus cher que le cours Saleya (de Nice) avec ses cerises à 6,70€/kg, son saumon à 24€/Kg . Je rappelle et serine encore une fois le salaire minimum mensuel est à 570€ !!!! quand le nôtre est à 1 603 euros !  Le salaire moyen croate est à 1208 euros et le nôtre à 2000 Euros.

Nous avons dû régler 21 Kuna du mètre (soit 36 euros pour notre cata) pour la bouée. Etant arrivés tard hier soir, le racketteur était à poste à 8H00 ce matin, pour venir toucher sa dime, en cash of course !

Rovinj semble moins touristique et plus authentique que les villes médiévales de Split, Dubrovnik ou Trogir, même si les Apartman sont bien là, mais nous ne sommes qu’en Juin. Le linge pend aux fenêtre et à travers les rues. Y aurait-il encore des autochtones dans la ville ?.

Nous redescendons en 3 heures sur Pula, passant au large des îles du Park de Brijuni (ex-propriété du communiste Tito) , pour ancrer dans l’avant port plus champêtre, loin de la ville. Nous ne sommes que 3 bateaux dont un superbe voilier le « seven » de 60 mètres, 10 membres d’équipage, 35 millions de dollars, appartenant à un italien banquier/assureur (tous des voleurs) pesant 3 Milliards de dollars (je savais bien que je m’étais trompée de profession) .

Pula, ville à l’évidence de chantiers navals qui semble totalement à l’arrêt malgré 1 navire et 2 plateformes visibles – encore ? – en cours de construction. Nous n’avons vu aucune activité sur ces chantiers, entendu aucun bruit, vu aucune âme qui vive et la ville semble être figée dans une sorte de pauvreté, provoquée par la faillite de ces chantiers ?

Au difficile décryptage d’articles de journaux en croate nous avons effectivement cru comprendre que le chantier naval était en faillite malgré un plan de soutien gouvernemental et qu’il n’aurait pas achevé notamment la construction d’un navire polaire. Les grues du chantier s’illuminent le soir venu, tour à tour de jaune, de bleu, de rouge et de violet, comme un baroud d’honneur de la splendeur passée.

Pula est une grande baie dont l’entrée est protégée par une immense digue au ras de l’eau sur laquelle restent des vestiges de bunkers , chicane de défense pour l’éventuelle invasion de navires . Quelques centaines de mètres avant la baie, on aperçoit aussi des bunkers d’observation taillés dans la roche .

Passée la digue, la longue entrée de la baie est parsemée sur babord et sur tribord, de vieux bâtiments à l’abandon, aux toits partiellement éventrés semble t-il par des obus ? de 1940 ou de Yougoslavie ?. Au loin quelques miradors. Nous comprenons que nous sommes devant les vestiges de la 2eme guerre mondiale et certainement ses entrepôts et ses casernements oubliés des dieux et des moyens financiers .

Pula est une ville « normale » offrant au touriste très peu de vestiges des temps romains. Subsiste un grand colisée joliment encerclé d’une promenade ascendante complantée de romarin et autres végétaux qui permet d’en admirer l’intérieur sous toutes ses facettes. Splendide.

Il subsiste également un Forum mais qui n’est qu’une place très ouverte sur un bâtiment à colonnes.

L’autre originalité historique est la « zero strasse » , un réseau de 3 rues tunnels construit pendant la guerre , sous le « château » et que l’on peut emprunter,  passé le tourniquet .

Là encore on sent au fil des rues une âme évanescente des foyers d’autrefois que l’on aimerait sauver et l’avancée inexorable de la laideur des HLM aux balcons rouillés , des cabanes Kebab, des fils électriques qui pendent et des tags, lesquels, quoi que certains en disent, ne m’apparaissent pas comme du Street Art .

Si effectivement le poumon économique de Pula a fait faillite , l’état et l’atmosphère de la ville en sont les conséquences.

Ce qui nous frappe depuis notre incursion en terre croate ce sont :

  • L’absence de toute présence policière et pourtant nous nous sentons en parfaite sécurité.
  • L’absence de SDF, ou tout du moins de personnes vivant dans la rue (mais nous avons quand même croisé bien des croates faisant les poubelles)
  • L’absence d’employés municipaux visibles alors que les poubelles sont propres, ne sentent pas et ne débordent pas, alors que les rues sont propres sans cannettes, plastiques, mégots ni déjections canines.
  • L’absence de tout étranger en dehors des touristes
  • L’absence de Tchobylettes pétaradantes des weshwesh ou de la jeunesse désœuvrée
  • L’absence de voitures fenêtres ouvertes et basses à fond
  • L’absence d’agressivité sous jacente

Certes les croates paraissent assez rustres et peu souriants mais qui ne le serait pas, gagnant 600 euros par mois, face à des touristes acceptant des resto à 70 euros par personne, 10 euros le litre d’huile alimentaire enterre de production d’olives, 7 euros le kg de cerise, et je ne parle pas de l’habitat rongé par le Air B and B les excluant de toute accessibilité à l’habitat locatif ou propriétaire.

  • L’absence de coiffeurs ou presque
  • La rareté des chausseurs dont le peu affiche des vitrines de chaussures vieillottes de grands-mères et grands-pères , en plastique ou mauvais cuirs, des années 60, mais à plus de 70 euros, comme si le stock ne s’était jamais écoulé depuis.
  • L’uniformité de l’offre de « fringues » pour touristes femmes que l’on retrouve à l’identique dans toutes les villes croates, comme s’il n’y avait qu’un seul fabricant et un seul distributeur dans le pays, le même d’ailleurs qui doit alimenter les marchés d’Antibes et de Juan Les Pins.
  • La multiplication d’énormes Candy store . Il peut y en avoir 2 à moins de 25 mètres l’un de l’autre, et ce, même dans des rues ou bourgades moins fréquentées.
  • En allant au Nord, Le pullulement des Gelateria dignes de celles des italiens avec leurs coloris plus vifs les uns que les autres

Etrange Croatie, à l’économie et l’activité énigmatique (en dehors du tourisme bien sûr) ,  aux questions qui restent sans réponses, à la vie très chère même pour un français et aux revenus si bas. 2 environnements économiques  aux antipodes qui se jouxtent ? 

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