Baie Değirmen – Marmaris

 Lundi 12 Juin 2023

Nous rejoignons Marmaris sous un vent de 15 nœuds par le 160 degrés. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que nous sortons la très grande voile colorée appelée code D. Le vent souffle et nous pousse harmonieusement à 6 nœuds le long des côtes inhabitées (c’est vraiment différent de la Grèce) et quelques fois verdoyantes. Il y a beaucoup de voiles sur l’eau mais aussi d’innombrables galions turcs appelés gulets transportant des hordes de touristes affamés d’aventure.

Arrivés en vue du port de Marmaris, les gulets beuglantes de musique plus ou moins disco/rap nous suivent, nous rattrapent et nous dépassent à toute vitesse , un festival  cacophonique sur l’eau . Les bateaux « corsaire » ne manquent pas non plus dans le paysage. On retrouve un peu de Croatie dans cette activité touristique.

Au fond de la grande baie de Marmaris, hyper protégée par une ile et une presqu’île qui ferment l’entrée, nous repérons bien vite sur un quai flottant, un peu à l’écart, les 162 mètres d’Eclipse, le navire du sieur Roman Abramovitch chassé d’Antibes par les justiciers français de la guerre en Ukraine venu ici trouver des vagues bien plus accueillantes . Il y a aussi Ragnar un superyacht de 68 mètres propriété d’un autre ardéchois, euh non! excusez moi ! je confonds toujours, que j’suis bête, d’un autre riche russe (pléonasme)  , bon sang mais c’est bien sûr .

Nous mouillons par grand vent dans la baie pas franchement propre, où plusieurs autres dizaines de bateaux ont aussi eu l’idée de mouiller. Très peu de de drapeaux étrangers encore une fois.

Nous laissons passer l’orage qui gronde sur les montagnes boisées environnantes, le temps de réaliser et cuire le classique fondant aux poires et pommes, (on ne sait jamais si nous ne trouvons pas de fruits),  puis nous prenons le chemin de la ville à bord de mini Ile de Rey .

Un petit canal prolonge le fond du port et nous amarrons là notre annexe. Quatre villes se côtoient.

D’abord celle en dehors de la Marina faite d’un défilé d’immeubles assez récents lesquels vus de la mer font penser à l’Ouest du  littoral cannois en direction de Mandelieu.

Ensuite il y a le bazaar : des rues couvertes et assez sombres, jalonnées de vendeurs de T shirts, joggings, savates, confiseries, maroquinerie plus ou moins siglée mais de très mauvaise qualité – genre n’importe quoi , les designers turcs s’étant permis d’essayer de diversifier la gamme proposée par les créateurs en y apportant tout le bon goût et le raffinement dont ils peuvent quelques fois faire preuve. 

Puis il y a la ville authentique, pas moyenâgeuse mais dans le jus, savoir des boutiques d’électricité, de vêtements vraiment turcs qui pourraient être tendance dans un avenir… très ancien,  et fortement marqué par une influence anatolienne de campagne, de kebabs douteux, de barbers shop dans lesquels je recommanderais d’apporter son gel hydroalcoolique, de bars peuplés de turcs sans e (musique : où sont les femmes aurait ? fin de la musique) pas forcément vieux, de primeurs aux produits plus ou moins frais où s’égaient allègrement des milliers d’insectes , toutes ces boutiques microscopiques ayant comme dénominateur commun un sens écologique très aigu puisqu’aucune lavette ni produit chimique n’a jamais pollué les vitrines.

De très très nombreuses échoppes de 9 m2 d’« upholsterers » (selliers) nautiques proposent leurs services et de nombreux bancs de couture de voilerie attendent le chaland. Impressionnant.

Peu de commerces de bouche, point de boucheries, nous n’avons trouvé qu’une échoppe spécialisée uniquement dans le poulet entier ou découpé. Pour la salade vous repasserez. Galère ! pour la cachaça , la cacha quoi ? vous attendrez aussi, adieu la caipirina à l’apéro !.

Et pour finir, le quartier, du côté de la Marina, pour les 400 000 touristes qui investissent la ville en saison, multipliant par dix le nombre d’habitants ; savoir des centaines de restaurants juxtaposés et beuglants (bien sûr, une évidence) qui squattent le bord de mer avec leurs menus colorés de photos kitsch de kebabs, saucisses de boeufs et autres mets turcs proposés (ici point de poids des mots, mais le choc des photos). Et juste derrière, une rue entièrement dédiée à un alignement de discothèques à ciel ouvert avec baffles et scènes à faire pâlir Woodstock . Nous n’osons même pas imaginer ce que cela peut donner quand se déclarent ouvertes les heures festives. La location de studio doit être assez bon marché dans le coin et les consultations pour prothèses auditives doivent faire le bonheur des ORL au petit matin.

Nous en avons d’ailleurs un très bon et long aperçu lorsque nous profitons largement des dissonances décibélistiques du rivage pendant notre dîner à bord et une bonne partie de la nuit. Mais jamais ça s’arrête ?

Et pendant ce temps là le muezzin continue à se pincer les doigts dans les portes.

 

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