Pessada-Céphalonie – Syracuse Sicile

Dimanche 16 – Lundi 17- Mardi 18 Juillet 2023

Jour 1 : Dimanche 16 Juillet 2023

Nous profitons d’une dernière nage dans ces eaux pures, transparentes et calmes de la Grèce et sur le coup de 11h00 nous entamons notre longue route pour la Sicile.

Nous avons quelques frayeurs avec le pilote automatique qui recommence à faire des embardées de 120 degrés sans raison et on ne sait pourquoi rentre dans le rang après quelques reset aux paramètres d’usine.

Ouf ! sinon cela signifiait pilotage manuel pendant plus de 48 heures, nuit et jour, ce qui est très stressant et fatiguant.

Après 2 heures de moteur, Eole nous accueille favorablement dans son lit (en tout bien tout honneur, qu’est ce que tu vas chercher ?!) et nous hissons la grand voile et déployons le génois. Le vent est à 13/15 nœuds et restera aux alentours jusqu’au lendemain midi par le 340 degrés (nous faisons route au 268°) si bien que nous naviguons entre 5 et 8 nœuds.

Nous nous relayons à peu près toutes les 3 heures au poste de barre pour vigie picrate durant la nuit .

Au départ la mer est assez houleuse par le travers rendant les déplacements à bord plutôt chancelants et hématomants.

Le coucher de soleil est un incontournable, tout comme le lever.

Il y a un peu de trafic et, de plus, assez loin à plus de 10 miles de nous, donc pas de stress, s’il n’y avait pas les AIS signalés sur la console Garmin (et cling cela faisait longtemps que je n’avais pas fait un placement de produit) nous ne le saurions même pas. Pour la plupart des cargos et des croisiéristes, peu de plaisanciers à notre image a priori (car la console Garmin vous donne un logo de présence avec le nom du bateau, sa longueur, sa largeur, sa direction, sa vitesse, et l’heure de l’éventuelle collision – je fais bien la saleswoman n’est ce pas). La seule chose à craindre ce sont des billes de bois ou des containers flottants ou des bateaux furtifs (sans AIS, recherchant une furtivité fiscale ou chargés de marchandises non autorisées ?)

La nuit est d’encre et scintillement des étoiles et feux des bateaux se confondent car ce sont les heures où la nuit sans lune avale l’horizon. La mer se calme et nous traçons un sillon apaisé et apaisant sous voile dans une ambiance feutrée de solitude propice à la réflexion (ou à Candy Crush ou à la lecture sur Kindle, c’est selon les tempéraments).

Le taux d’humidité est à son comble et mouille les fondements, tout est collant et moite. La température permet de rester en T-Shirt.

Jour 2 : Lundi 17 Juillet 2023

 A 11h30 soit 24 heures après notre départ, nous sommes à la moitié du parcours de 260 Miles, soit 130 Miles/24 heures, soit 5,5 nœuds de moyenne.

Le vent a molli à 8-10 noeuds mais nous arrivons quand même à assurer du 5 à 6 nœuds avec un angle de vent de 70 degrés ce qui est un bon rendement pour un catatordant.

A ce stade, nous n’avons toujours pas vu le moindre aileron de dauphin, la moindre carcasse de tortue. Le moindre sac plastique, la moindre bouteille vide. La mer est vide.

A 15h30 , Un immeuble de 20 étages et de 348 mètres de long et 42 mètres de large passe royalement à notre babord à 19 nœuds : l’Odyssey of the Seas. C’est notre attraction du jour.

Dans le carré il fait 33 degrés et le taux d’humidité est de 64%, si ça continue je pourrais bien commencer à friser moi!

Sur le 16 (canal d’urgence je le rappelle), c’est pire que RTL, ça n’arrête pas de bavasser, des cargos s’interpelant entre eux ou appelant les autorités ou les ports, des plaisanciers ne respectant pas les consignes de dégager immédiatement sur un autre canal convenu et s’étalant sur les détails de leur bateau. Certains se mettent aussi à imiter des cris de bassecour, ou se mettent à siffler, cela doit les faire marrer. 

Tout le monde se coupe sans se soucier des autres en plein milieu d’un appel, c’est l’anarchie la plus totale, et la VHF n’arrête pas de crachoter, ce qui est particulièrement énervant. Aurions nous franchi la frontière Italienne  ?

Sur le coup des 17H30, Eole qui a appris à travailler en France avec la CGT, se met en grève, nous devons donc rappelé le japonais, chez qui cette pratique est déshonorante, et celui-ci reprend du service sans rechigner.  Haye domo aligato gozaimachta. Pour saluer le japonais 2 ailerons de dauphin viennent faire un tour puis repartent tout aussitôt. Nous ne les intéressons pas.

A 22 heures, Stéphane va se reposer pendant que je prends le premier quart de nuit (et pas de Saint Georges ; bon celle là il faut aller la chercher loin, mais en se creusant les ménages tu peux y arriver cher lecteur surtout si …. Indice…..tu es amateur du nectar des Dieux).

Sur le coup de 0h30, le pilote automatique  a de nouveau abusé de substances illicites pendant son service et voilà que le cata fait des embardées à gauche de 50 degrés puis revient dans le cap puis embardée de 50 degrés puis dans le cap, et ainsi de suite. Je réveille le Captain pour prendre mes ordres avant qu’il ne m’impute ce cap rock and roll.

Captain reprend en pilotage manuel et je vais me coucher. A 3h30 c’est de nouveau mon tour de garde et toujours en pilotage manuel. J’aime autant vous dire que c’est assez stressant car j’ai le nez collé au compas et je dois en permanence anticiper et redresser la barre pour garder le cap car les vagues de travers ne facilitent pas la droite ligne et la stabilité de la roue.

A 4H30 le vent commence à se lever à 13 nœuds avec un angle favorable de 45 degrés pour dérouler le génois (nous avions laissé la grand voile) mais je ne vois strictement rien, la nuit étant toujours waterman (encre waterman, see what I mean, hi hi hi ) et si je lâche la barre le bateau va perdre le cap . Que faire ? continuer au moteur ?  (ce qui est dommage), réveiller le captain ? A 5h30, je n’y tiens plus, c’est trop bête, l’aurore pointe et on y voit un peu plus clair, je me lance, je lâche la barre, déroule le génois aussi vite que possible, et laisse le japonais aller coucher. Du coup cela réveille le captain qui reprend la main et je vais faire de nouveau un somme.

Nuit jour 2- 3 : Lundi 17 Juillet – Mardi 18 Juillet 2023

Nous arrivons à Syracuse (Sud Est Sicile pour les niais) sur le coup des 10h30 heures grecques mais 9h30, heure italienne. Nous demandons permission d’ancrer au harbour master via la VHF, selon la procédure très spécifique à Syracuse , qui nous indique la zone Charlie, comme aux autres bateaux d’ailleurs, sauf qu’il n’y a pas de zone Charlie il n’y a que les 2 zones Alpha et Bravo, aucun doute nous sommes donc bien arrivés en Italie. Que casino ! (pour les polis de la glotte cela signifie  quel Bo.d.L !.

Il nous aura fallu un peu moins de 48 heures pour rallier la Sicile depuis Pessada en Céphalonie. Cette nuit nous n’avons croisé aucun bateau à moins de 35 miles.

En zone Charlie, nous retrouvons le jeune couple néozélandais voisins d’une nuit à Léros en Mai 2023, avec son petit baby de 6 mois plus 2 maintenant qui est aussi à l’ancre (avec un a et pas de e cette fois) et vient nous saluer en annexe (c’est sympa, ils me plaisent bien les kangourous et les kiwis, ils sont encore très civilisés).

Nous allons nous mettre en quête d’un concessionnaire Garmin sur le port pour réparer le pilote car je ne nous vois pas continuer en manuel des journées et des nuits entières pour le reste de notre périple.

 

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