Mardi 1er Aout 2023
8h30 chose promise, chose due, le réparateur prend possession de la cale moteur. Quand on pratique les rendez vous avec les artisans en France, vous comprendrez que nous n’en revenions pas !
10h30 on part faire les essais dans la baie pour voir si tout fonctionne. Tutti va benne.
11H30, le réparateur est ramené à quai et nous nous mettons le cap au Sud vers la pointe tout au Sud de Syracuse et de la Sicile, face à Malte.
Un peu de vent (favorable, on ne peut pas toujours les cumuler), on hisse les voiles.
Les 15 jours dans la baie se font ressentir, la coque est sale d’algues et autres coquillages qui se sont tapés l’incruste, nous sommes un peu ralentis par rapport aux performances passées.
Le vent est gentillet à 15 nœuds mais nous ne faisons que 5 nœuds avec un vent d’angle 45 degrés, nous devrions faire plutôt du 7 nœuds, mais bon ! c’est comme ça.
Au bout de 1H30, l’alarme pilote retentit, l’adrénaline jaillit, le sang fait plusieurs tours, les visages sont graves. Il est indiqué que le pilote subit une surcharge. Je sais bien qu’hier soir j’ai fait des pâtes carbonara (avec une pointe de Cognac, eh ! eh !) et donc que ce n’est pas léger mais faudrait quand même voir à pas ezazérer Maurice, Stéphane ne va quand même pas me passer à la baille pour alléger le bateau ! Captain cherche et cherche, contacte par SMS le réparateur qui ne voit pas d’où cela peut provenir ni ce que cela veut dire ! Puis intuition de bonne augure il va dans les paramètres de sensibilité du pilote et descend le niveau de nos exigences (augmente le niveau de tolérance) en degrés dans le maintien de cap et bingo. C’est comme avec les humains, à trop maintenir un niveau élevé d’exigences, le sujet passe en surchauffe et peut péter une durite. Ouf!
Le vent commence à forcir à 22 nœuds, nous prenons 2 ris et roulons un peu de génois car le cata commence à prendre de la gite avec toujours le vent à 45 degrés.
Mais la mer est très hachée, la dérive est de 2 nœuds dans le Tony, les vagues de travers. Les conditions deviennent rudes et Stéphane se fait copieusement et continuellement arroser par les vagues scélérates. Nous tirons des bords mais que nenni nous n’arrivons pas vraiment à avancer vers la destination, malgré des pointes à 7 noeuds. Les rafales montent maintenant à 30 nœuds. Tout cela n’était absolument pas prévu.
Nous arrivons finalement à destination à 19H30 en ayant mis en plus les moteurs en marche. Pour faire 28 Miles nous avions prévus 5 heures, nous en avons mis 7 en trichant avec les moteurs car nous avons fait 42 miles au total !!!…
Nous mouillons dans une baie un peu protégée des vagues mais pas du vent qui continue de hurler. 4 autres bateaux se sont aussi abrités ici.
Nota : pendant nos manoeuvres dans la baie de Syracuse, notre ancre s’est à nouveau retournée comme en Turquie et comme en Grèce, cela devient pénible mais maintenant nous avons la technique : je saute sur le paddle (assise, faut quand même pas jouer les équilibristes dans ces cas de figure, c’est pas le moment et c’est pas le but du jeu), je pagaie comme une folle à l’aide de mes petits bras vers l’avant du bateau à l’aplomb de l’ancre, Stéphane, resté à bord, du haut du guindeau hisse l’ancre sur le paddle avec la télécommande pour la libérer de son poids et pour que je puisse manipuler la jonction ancre/banane de retournement, je tourne la manille qui coince la rotation pour la reloger dans l’axe ancre/ chaine, et Stéphane peut enfin totalement remonter l’ancre dans son logement et je repars tel le bon petit moussaillon à bord de ma frêle mais vaillante esquif. On remballe le paddle et le tour est joué. Le tout prend moins de 5 minutes quand la mer est calme, sinon c’est une manip rock and roll par temps houleux.
Si j’ai le courage, ce soir je ferai un risotto aux moules.