Port Linea de Concepcion – Large cotes du Maroc

Vendredi 6 Octobre 2023 au Dimanche 8 Octobre 2023

Jour 1

Passage à la capitainerie pour régler le port . Pour ce, passage obligé par le ponton d’accueil . Il faut donc s’amarrer toujours sans l’aide d’un quelconque marinero. Il va falloir que j’améliore ma technique du lasso pour prendre une bite d’amarrage, ce n’est pas brillant. D’un autre côté est ce que j’ai une tête d’amazone ? Je sais bien que je me rêverais en cow girl (a ne pas confondre avec peau de vache) dans les prairies et les collines du Montana, mais ce n’est pas suffisant. La nunuche de service s’était bel et bien trompée sur le prix de la nuitée. Au final c’était 58 euros taxes comprises/nuit  et non les 118 /nuit annoncés. Au passage le port était  vide alors qu’ils refusaient du monde sous le prétexte d’être complet.

Nous larguons définitivement les amarres de la Linéa à 9h00.

Nous tirons droit au plus court sur la côte marocaine pour éviter les Orques qui se seraient attardés, car ils avaient plutôt tendance à attaquer du côté de Tarifa à l’Ouest de Gibraltar, plutôt que du côté du littoral marocain. Et nous longeons la côte vers Tanger puis l’angle droit vers le Sud. Pas d’orques en vue ni de près ni de loin. Ouf !

Dans le détroit, le vent souffle très fort, à environ 30 nœuds avec des rafales à 36 nœuds, accroche toi au bastingage ça va décoiffer ! Des vagues de 2 mètres nous poussent au surf  mais nous devons faire face à un courant contraire de l’ordre de 3 nœuds, tant et si bien qu’il nous arrive de faire du quasi surplace, dans ces cas là nous sommes obligés d’appuyer avec le moteur, on n’a pas que ça à faire, y a quand même de la route.

Dans le détroit c’est bis repetita de la traversée Tunisie Sardaigne, c’est normal c’est le début du périph’ vers le canal de Suez et crois moi il y a du monde et pas toujours à la vitesse réduite imposée par Hidalgo. Ca sent bien le kérosène qui fume. Nous slalomons.

Pas fous nous avons pris 3 ris dans la grand voile et enroulé le génois sur 2/3.

Le vent souffle toute la journée par l’arrière, l’empanage n’est jamais bien loin, il faut donc rester très vigilant à tout instant pour préserver notre monture et ne pas se prendre un retour de bôme, car notre stock de paracétamol n’y suffirait pas. Nous faisons des pointes à 8,5 nœuds.

2 autres voiliers semblent prendre la même direction que nous et nous nous suivons de loin toute la journée.

Nuit 1

Nous nous relayons toutes les 3 heures. Nous croisons de loin des porte containers, des cargos et des containers de luxe à touristes qui remontent vers le Nord . Les 2 voiliers sont toujours sur notre carte avec le même cap. Sur le coup de minuit  le vent tombe et c’est à regret que et nous avons recours au japonais. La mer se calme également. Après avoir mis 4 couches en début de quart de veille, nous sommes sans manches pour le 2ème quart et tout est ultra méga super humide. Presque pas de lune. Le soleil se couche à 20h00 et se lève sur le coup des 7h00.

Jour 2

Au matin nous sommes déçus de n’avoir parcouru que 140 miles en 24 heures. On n’est pas arrivés moi j’vous l’dis ma brave dame ! Le moteur est toujours de mise toute la journée, le vent n’ayant pas daigné se lever. La mer est calme et il fait très chaud jusqu’à 18h00. On recherche le moindre brin d’air pour nous ventiler.

Nous versons une petite obole à Mr Elon Musk en allumant Starlink le temps de prendre les cartes météo.

Nuit 2

Nous finissons les lasagnes à ma façon, préparées la veille, savoir des lasagnes avec une alternance de couches de morceaux précuits de poivrons/oignons/aubergines/tomates, puis de gruyère râpé puis de lasagnes,  pour finir sur une couche de béchamel elle-même gruyèrée.

La nuit commence avec un temps plutôt clément, il fait doux, toujours pas de vent.

Au regard de la carte , pas mal de circulation de cargos et autres navires chimiques et containers de plus de 200 mètres mais ils ne sont que très peu visibles du catamaran puisque parsemés dans un couloir montant et descendant de l’ordre de 10 miles de large.

Prise de quarts à tours de rôle toutes les 3 heures à partir de 22h00.

Quand je quitte le 1er quart, tout va bien mais quand je reviens à 3h00 pour mon 2ème quart, un épais brouillard vient de se lever et nous enveloppe de sa moiteur. Et bientôt cela devient waterworld – Kevin Cosner en moins, dommage pour moi- l’eau du brouillard ruisselle littéralement sur le pont, dans le poste de barre pourtant protégé par les parois en cristal que nous avons remises, dans le carré extérieur protégé par un toit et les cristal. A se demander s’il bruine. Un froid malsain et humide s’est installé et pénètre mes vêtements et jusque dans mes chairs et mes poumons mis à mal. Le siège du poste de barre est trempé, impossible de lire ma liseuse qui semble être sous un film d’eau, je vais la noyer. Je cherche à me protéger et ne veut pas descendre enfiler un pantalon de ciré pour ne pas réveiller le captain. Je pense à la nappe de la table qui est une toile enduite et m’en revêts, telle zézette dans le Père Noël est une ordure qui avait pris option sac poubelle, faisant fi de tout souci esthétique au regard des poissons et du moineau qui nous avait accompagné en fin de soirée et qui a d’ailleurs disparu.

Nous naviguons à vue ou plutôt au manque de vision, ce qui est très perturbant et flippant, avec pour seul compagnon le radar sur lequel mes yeux sont rivés pendant 3 heures. Cette trace là, c’est un poisson ou un navire ? mais non ! au radar il n’y a pas les ping comme dans les sous marins, ça c’est pour les films d’aventure et de guerre, seulement une trace rouge bleue et jaune plus ou moins importante selon la dimension de bateau. Captain a ainsi évité un pêcheur un peu gonflé pendant son quart. Heureusement moi je n’ai pas eu cet accès d’adrénaline.

A 7h00 le jour se lève, le brouillard est toujours là et je vais me coucher épuisée, les yeux croisés de sommeil, mais pour rien au monde je ne me serais laissée aller à dormir pendant mon quart, de peur d’être pendue en haut et court en haut de la vergue.

Le gâteau flamand aux pommes confectionné hier se dégustera demain.

JOUR 3

A 10h00 le brouillard est toujours là jusqu’à 12h00, s’en va sur le coup de 13h00 et revient dans l’après midi pour s’échapper vers les 17H00. Il fait très chaud toute la journée et bien sûr moite à ruisseler sur place.

Je prends ma douche sur le pont extérieur, quel bonheur de ne sentir aucune paroi autour de soi. Ca c’est mon rêve mais difficile d’imaginer me doucher sur le balcon de l’appartement et assurer le spectacle en live. Imagine : un patio de 15 M2 avec des arbres tropicaux type bananiers, un sol de sable sur lequel reposent des dalles réhaussées en teck et en ciment qui te montrent le chemin vers une douche à ciel ouvert, un perroquet et un papillon pour seuls témoins.  C’est le pied. Bon ce n’est pas non plus envisageable à Ploërmel en Novembre, je te l’accorde. Et plof ! je redescends sur terre.

Le gâteau aux pommes est bon , un peu moins de lait et un peu plus de farine la prochaine fois, il faut dire que dur dur de respecter les doses prescrites quand tu n’as qu’une balance électronique qui passe -50 gr à +80 grammes au gré du roulis.

Je dors l’après midi.

Nous sommes toujours dans l’expectative d’une possibilité de place de port à Agadir . En effet, soit nous continuons tout droit sur Lanzarote, soit nous faisons un crochet par le Maroc pour passer une journée avec ma sœur de passage à Cajar que seuls les plus de 60 ans peuvent connaître – Guy Lux – Schmilblik – ça te sonne quelque part ?

Il faut nous décider car changeons ou changeons pas de cap ? c’est maintenant qu’il faut décider, à la bosse de Safi que nous venons d’atteindre.

Sans réponse, nous actionnons le rouleau compresseur, lâchons le pitbull, faisons donner l’artillerie lourde, qui maitrise parfaitement la gestion des autochtones et parle couramment le langage des signes marocains, contrairement à moi pour qui une réponse est une réponse, un oui est un oui et un non est un non, et qui est sur place, j’ai nommé la chair de mon père et de ma mère : ma sœur.

Très vite nous avons une réponse, efficace la frangine! une place est réservée. C’est super !

Nous devrions atteindre Agadir Lundi dans l’après midi.

Toujours pas de vent alors qu’à Agadir il fait aussi 35 degrés mais le vent en plus.  

Il est 19H00 il commence à rafraichir sérieux. Chaud le jour, froid la nuit, je vais prévoir le ciré pour la nuit, car ici c’est pas la fashion week (je recommande d‘ailleurs de regarder sur le sujet Maxime Gasteuil sur youtube, il me fait hurler de rire et cela vous permettra de comprendre pourquoi je fais le lien – oui, je sais, pas toujours facile de me suivre).

NUIT 3

Que dire ? Pas de vent , nous montons la grand voile qui ne dure que ce durent les roses l’ombre d’un instant, et encore cela a duré ½ heure.

Un peu de vent un peu plus loin dans la nuit , on sort l’italien de Gênes, pas mieux, il faseille lamentablement, on roule l’italien au bout de 1 heure. Remarque, cela occupe et permet de faire sécher les voiles de l’humidité du brouillard, ah ben non ! car il fait tout aussi humide. Le brouillard nous a encore enveloppé mais pas longtemps cette fois ci.

Cette fois ci j’avais prévu le ciré et pas la toile …. cirée. Ha ! ha ! ha ! MDR !

Nous nous relayons à nouveau toutes les 3 heures et sommes fort occupés. Nous devons anticiper, traverser et autant que faire se peut éviter les armada de 15/20 pêcheurs sans AIS que nous ne pouvons que découvrir au radar ou aux scintillements menaçants au loin , sans réel repère de distance mais surtout de potentiel impact puisque le propre des pêcheurs est, un, de passer de l’arrêt à une vitesse de 12 nœuds sans se soucier de leur environnement, deux de changer continuellement de direction, le tout sans feux tribord ou babord, un simple feu rouge de mât et une torche blanche à l’arrière pour toute signalétique et trois, de traîner de potentiels chaluts mortels pour nos hélices.  Dans ce contexte pas le temps de lire une seule ligne ni de faire une seule partie de Candy Crush !

Des bancs de dauphins par dizaines nous accompagnent sur plusieurs miles, ils virevoltent autour de nous accélérant comme des torpilles dont nous apercevons les sillages. Sympa et impressionnant. Ils doivent nous encourager, ou plus trivialement penser que nous sommes des pêcheurs et qu’il y a du ravitaillement en perspective ! Perso je prends l’option encouragement !

1 réflexion sur “Port Linea de Concepcion – Large cotes du Maroc”

  1. Pitbull completely fluent in Arabic
    Salem !
    مرحبا بكم في أغادير — > bienvenus à agadir pour les non initiés 😉

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