Lundi 15 Avril 2024
Stéphane laisse le dinghy au ponton de Yamaha pour la révision des 100 heures et la réparation du câble.
Pendant ce temps là, je m’appuie sur mon fidèle déambulateur de compétition non motorisé vulgairement appelé charrette à courses, et m’élance sur les trottoirs défoncés d’une route véhiculement parlant très fréquentée par des voitures ayant indifféremment le volant à gauche ou à droite. Savent plus où ils habitent les bahamiens !
Je pars bravement à la cueillette, la pêche et la chasse chez « Super value » à 20 minutes de marche. L’envers du décor n’est pas du tout le même que celui de la Marina et se montre sous des jours beaucoup moins rutilants et beaucoup moins entretenus. Ce sont encore des maisons espacées ne ressemblant aucunement à des centres villes tels que nous les connaissons en Europe. Le style de l’habitat est indéfinissable, sans cachet, voire sans histoire. En tout cas il semble que le moyen de locomotion principal ne soit ni les tongues, ni les baskets, mais bel et bien 4 pneus et un volant; pratiquement personne sur les trottoirs, ni blanc ni noir.
Je trouve quelques fruits et légumes à moitié prix du supermarché de la Marina, la viande et le poisson sont au même prix qu’au Salomon’s mais beaucoup moins attirants, voire carrément repoussants. Je me décide quand même pour des « trucs » ressemblant vaguement à de la saucisse ou à du salami en tranches juste de quoi faire des wraps un peu protéinés. De toute façon, et heureusement, je ne suis ici que pour faire l’appoint de tout ce qui me reste dans les cales du gros marché de la République Dominicaine. J’ai de quoi tenir ! Je constate qu’il faut bien lire les étiquettes car celles-ci réservent des surprises de taille telles que : « imitation cheese » (imitation fromage) pour des tranches que l’on prendrait facilement pour nos tranchettes à burgers sous plastique, ou encore « Water added » (eau rajoutée) inscrit sur les gros jambons de dinde de 5 kilos emballés sous plastique. C’est dire …… Les gastro-entérologues locaux doivent se frotter les mains, la clientèle n’a pas fini de leur tomber toute cuite sous le bistouri avec toutes les cochonneries qu’elle ingère !!!!
Retour sur les trottoirs défoncés. Je suis seule avec ma charrette sur le trottoir d’une rue peu fréquentée adjacente à la rue principale, sauf un gros noir (Oh excusez moi ! je suis absolument confuse ! : un homme non caucasien d’une stature dépassant le standard d’un odieux mâle blanc européen) d’environ 1,90 m qui marche devant moi. Quelques voitures passent à côté de nous. Il se retourne régulièrement et, étant seule, s’il le fait, c’est donc à l’évidence pour me scruter. Je laisse de la distance entre nous et marche lentement……. non seulement il se retourne de plus en plus mais ramasse des cailloux qu’il jette en me visant, heureusement sans m’atteindre étant trop loin. Je m’arrête et fais semblant de téléphoner . Il continue à marcher tout en se retournant, ouf il ne cherche pas à me rejoindre! Plus loin il jette sur la rue des cônes de stationnement qu’il trouve en chemin. Ah ! d’accord ! s’en est encore un qui n’a pas toutes les frites dans le même cornet ! une commerçante sort comme une furie sur le trottoir et me fait attendre pour appeler la police. Je ne m’attarde pas, il est parti par un autre chemin, cela me suffit. J’avoue que je n’en menais pas large et, sur le coup, me suis sentie impuissante. Il y a des tarés partout !
Retour au bateau. Nancy et Patrick sont passés nous dire bonjour avec leur dinghy car ils sont ancrés à l’entrée de Nassau. Décidément tous les chemins mènent aux mêmes contrées ! et la Suisse est partout, d’abord Régis et maintenant Féline.
Les 6 MAI partent déjeuner dans un chinois, seuls restaurants abordables en terre bahamienne, pour ménagères de plus de 60 ans n’ayant aucune envie de sortir une quelconque casserole ni d’entamer le stock de provisions acquises au péril de leur vie . Et pour menu chinois nous mangeons de très bonnes spare ribs typiquement américaines.
En fin d’après midi, ayant appris que Atlantis pouvait se visiter librement après 18 heures sans devoir vendre sa chemise nous pénétrons ce monument dément pour découvrir ses merveilles. Tout d’abord l’aquarium géant dans lequel nagent de gigantesques mérous de plus de 1,5mètre, des tortues, des carangues argentées dont la salle tête et l’envergure démesurée aussi de 1,5 feraient peur même à Cousteau, des requins bouledogues, des requins nourrices, et des méduses quasi transparentes dont le ballet artistique et envoutant cache bien le pouvoir de nuisance. Des raies léopard ou noires côtoient tout ce petit monde et bien d’autres espèces sur fond de temples, escaliers et monuments antiques effondrés.
Nous marchons 6 km pas moins le long des allées et des nombreuses piscines paysagées (quand tu donnes rendez vous à la piscine à tes amis tu ferais bien de leur préciser laquelle et leur fournir plan , boussole, GPS et trotinette). Une rivière dérivante praticable encercle une bonne partie du parc avec des passages de rapides . Un temple Maya accueille 4 toboggans de plus de 30 mètres de haut quasi à la verticale et en majeure partie à découvert dont l’un se termine dans un tube que surplombent quelques requins nourrice. Non merci c’est ballot j’ai atelier crochet cette après midi.
Le parc des dauphins est fermé à l’heure où nous passons.
Nous traversons des halls et corridors de boutiques de luxe où les marques françaises se taillent la part du lion. Tout est luxueusement décoré, marbres, dorures, colonnes, sculptures, lustres de verres soufflés et colorés dignes de Murano, rien ne manque. Et n’oublions pas la traversée obligatoire du gigantesque casino où même les enfants peuvent se promener (ce qui est très étonnant) avec ses bandits manchots par centaines et ses tables de roulette, black jack et autres baccarat tant automatisées qu’avec croupiers.
Avant de gagner la sortie un dernier regard à la Marina de l’Atlantis qu’illuminent de très gros yachts de luxe venus montrer leurs scintillants et rutilants ponts, proues et poupes sur lesquelles d’indifférents yachts men and women sirotent leurs cocktails dans un entre soi distant.
Le soir après plus de 9 km dans la ville entre Supermarché et Atlantis, le corps est douloureux, le bassin lourd, les jambes rebelles et les vertèbres rouillées. Nous sommes tous dans un triste état proche de l’EPHAD.