Marina Marlin, Santiago – Cuba

Dimanche 5 Mai 2024

Nous sommes accueillis chaleureusement par Alejandro et Jorge , chefs de la Marina. Ils parlent anglais et un peu beaucoup français pour Jorge qui manie l’humour avec virtuosité. Ils sont ouverts 24/24 et quand ils prennent leur service c’est pour 24 heures ! Martinez aurait dû faire un séjour ici en terre sainte du communisme ……

Interdiction de sortir du port sans avoir reçu à bord notre première visite obligatoire : celle du médecin (30 dollars par personne et si vous ne le saviez pas il s’agit d’une taxe sanitaire internationale !!!!) qui nous demande simplement si nous sommes malades, si nous avons ou avons eu de la fièvre, si nous sommes vaccinés du Covid et de quelle marque, le tout sans demander de preuve à l’appui. Il est assez jeune et Il a fait médecine à Cuba mais après ses 6 ans d’études et ses 2 ans obligatoires au service de l’Etat , il a séjourné un peu au Mexique et en Algérie – il parle un peu français qu’il a aussi appris à l’école.

Nous nous rendons ensuite à la capitainerie pour passer devant les fourches caudines de l’officier de l’immigration. On ne peut pas rater la photo de Fidel et de ses valeurs accrochée dans le bureau. 3 papiers à remplir, une photo pour nous immortaliser dans leurs fichiers, et le tour est joué. Bon cela prend une heure car tout cela n’est pas rapide, il faut rentrer les info des papiers remplis manuellement dans l’ordinateur avec 2 gros doigts. Il faut aussi rentrer tous les détails de nos navires : longueur – largeur – tirant d’eau – poids – marque et puissance de nos moteurs – marque et puissance du moteur de nos annexes. Le drone de Mahoa est mis sous scellé car ils sont interdits comme devrons bientôt l’être les antennes Starlink lorsqu’ils auront inséré la case à cocher dans les futurs formulaires.

Ensuite, direction le bureau du capitaine de la Marina pour nous acquitter du droit de visa (celui pour lequel nous n’avons pas réussi à avoir  d’info du consulat de Cuba à Nassau ou de Cuba au Canada ou de France à Cuba – cf précédents chapitres) . Nous n’avons donc pas de visa mais ce n’est pas un problème, au lieu de nous en coûter 15 dollars si nous avions trouvé des personnes compétentes à Nassau cela nous en coûte 75 dollars par personne.  Nous payons ensuite 5 dollars pour un sac poubelles et chaque sac supplémentaire sera à ce tarif là, et réglons aussi d’avance la place de port (détail complet à venir car la facture de tout ceci ne sera éditée que demain) .

Jorge avec un humour délicieux nous décrit les visites à faire à Santiago de Cuba notamment la place Cespedes et la cérémonie de la relève dans le cimetière de Santiago à la gloire de ses 4 héros et leurs monuments dont celui des cendres de ce  bon vieux Ernesto, fidèle qui en cassait trop, celui du romancier parait il très connu José Marti , du père de la patrie dénommé Cespedes qui a lutté pour l’indépendance de Cuba en 1898 alors sous le joug des espagnols et qui a sacrifié ses 2 fils pris en otage (tous les enfants de Cuba sont mes enfants alors, Senores,  faites ce que vous voulez de mes fils je ne me rendrai pas) et de la mère de la patrie, Mariana Grajales,  qui a aussi perdu ses 7 fils pendant cette guerre d’indépendance.

Il nous renseigne aussi sur les taxis personnels de la ville moins chers que les taxis jaunes officiels, et dont la plaque d’immatriculation commence par un P, et nous fait bien sentir que quoi que nous voulions il est à notre service. Il nous précise même que tout ce que nous pourrions jeter car considéré comme inutile ou à mettre à la poubelle  peut se révéler précieux pour un cubain comme des bouteilles en plastique vides, des pots, des stylo, etc… tout est bon à prendre car ils manquent de tout, et tout peut servir pour donner ou comme monnaie d’échange comme des savonnettes.

Nous demandons quand doivent passer les douanes, visiblement c’est un passage aléatoire et optionnel dont nous ne devons pas nous soucier. Pas non plus d’Armada qui est en fait la Guardia Frontera en la personne de l’officier de l’immigration.

Enfin nous nous renseignons sur la possibilité d’un restaurant dans les environs de la Marina et Elizabeth la commerciale de la marina (eh oui ! il y a une commerciale pour cette Marina !) nous organise un restaurant dans l’anse en face de la nôtre ; Jorge ne semble pas ravi de ne pas avoir traité ce marché là . Un petit bateau à moteur vient nous chercher pour traverser (2 dollars par personne l’aller retour ce qui est totalement extravagant) dans une antique barque en bois qui démarre à la manivelle comme les voitures de nos arrières grands parents et nous emplit les oreilles d’un bon vieux son de teuf teuf teuf teuf.

La terrasse sur le toit de la maison/restaurant nous est entièrement consacrée, il faut dire que nous la remplissons totalement à 8 . 3 zicos nous y attendent déjà poussant la chansonnette, des retraités de 70 ans de la Marine ou de la raffinerie voisine (laquelle  d’ailleurs fume ses odeurs et pluies acides, nous sommes prévenus) ou encore un électricien. Les plats sont tous aux prix du touriste, savoir entre 10 et 15 dollars pour des crevettes, du poisson grillé ou encore des queues entières et généreuses de langoustes. C’est très bon et nos nous en tirons pour 147 dollars pour 8 personnes avec les boissons et celles offertes aux zicos. Mais je dois dire que c’est avec une certaine honte que je déjeune de mon très bon poisson grillé quand auparavant le retraité de 70 ans qui joue pour nous, nous a annoncé gagner 1500 pesos cubains par mois pour sa retraite (soit 1500/350 : moins de 5 dollars par mois !). C’est vrai que l’on a vraiment envie de les aider car c’est avec gentillesse, sourire, joie de vivre  et non fourberie que nous sommes accueillis.

Quant à la baie elle est jalonnée de villages de petites maisons adossées à la colline (musique : on y vient à pied, ceux qui vivent là ont jeté la clé), de couleur ou non, faites de bric et de broc, savoir des panneaux ou lattes de bois sommairement assemblés et cloués, et de toits en tôles rouillées. Dans le petit village je pensais qu’il s’agissait de granges bancales abandonnées san fenêtres et bien que nenni ce sont des habitats occupés et le village qui semble mort et délabré est bel et bien vivant avec beaucoup de jeunes. Ces jeunes qui sont assis dans l’eau sur des sacs de bouteilles vides ramant avec des couvercles de conserves avec un sourire éclatant et des yeux pétillants de malice. Ces pêcheurs assis du soir matin sur des chambres à air de gros pneus de camions, un fil à la main pour pêcher. Cela respire la simplicité mais la joie de vivre, la bienveillance. C’est vivant , c’est une vie nature non stéréotypée, c’est dans le jus, c’est surprenant, c’est si incroyable, c’est émerveillant.

Il fait hyper hyper chaud et lourd, l’air est saturé des odeurs nauséabondes de la raffinerie toute proche et ce soir c’est  apéro sur Ile de Rey lequel sera suivi d’une spagetti partie puis de pancakes à la confiture de lait .

Ce soir on fête les 1 an de notre périple depuis que nous avons repris le bateau à Léros en Grèce il y a juste 1 an, juste un siècle. 1 an sans retour chez nous. 12 mois de voyages et découvertes.

 

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