Samedi 24 Mai 2025
Depuis hier sur le quai le long duquel nous nous sommes amarrés, un marché de l’ « artisanat » est venu s’installer. Nous cherchons encore l’objet et l’intérêt des stands. Beaucoup d’animaux réalisés au crochet en laines de couleurs criardes, d’un goût qui a dépassé le plus que douteux, les inévitables bijoux fantaisie dont on se demande encore comment il peut y en avoir autant de par la monde, et comment les marchands du temple peuvent encore en vivre, des bouts de bois peints du drapeau américain qui servent à ???, des poteries de mugs et bols immondes vendus fort chers, celles de Margo a côté pourraient faire figures de poteries précieuses d’art que s’arracheraient les collectionneurs, des photos de paysages sans intérêt sur toiles plastifiées, et des trucs dont on se demande encore ce que c’est. Bref, vous l’aurez compris, sans intérêt. D’ailleurs les chalands qui défilent en ce week end ne s’y trompent pas non plus car de là où nous sommes nous pouvons certifier que les vendeurs n’ont pratiquement jamais à se lever de leur siège.
Nous sommes Samedi, un marché aux produits fermiers se tient au Forsyth Park ainsi qu’un marché d’ « artisanat ». Nous prenons le bus DOT jusque tout au Sud du quartier Nord historique dans lequel nous n’avons pas encore mis les pieds.
Si les maisons sont encore très typiques et très jolies avec leurs bardages en bois et leurs escaliers pour monter aux porches d’où pendent des lanternes et sous lesquels fauteuils à bascule ou balancelles n’attendent plus que leurs propriétaires, le manque d’entretien est plus visible, la peinture est écaillée, les fenêtres mériteraient un changement d’huisseries, les fils électriques pourraient être enterrés et les trottoirs désherbés et égalisés. Toutefois l’ensemble ne fait pas délabré, juste négligé. Les voitures devant les maisons se font aussi moins cylindrées.
Nous rejoignons le marché fermier, lequel est visiblement le rassemblement des bobos du coin, tant chez les vendeurs « fermiers » que chez les chalands ; entendre par là côté vendeurs, ici et là, des « peace and love » tatoués et piercingués aux pantalons du dernier séjour en Inde, réfutant le monde capitaliste sans toutefois oublier de facturer leurs fruits et légumes ou poulets et poissons à des prix supérieurs à ceux des Bahamas ; et côté chalands les stakhanovistes du bio passés d’abord au magasin Natural Goods du square aux prix stratosphériques puis au café voisin où visiblement on se doit d’être vus avant de traverser en direction du parc mercantilisé. Au moins, au cours Saleya de Nice, les prix sont plus raisonnables et les produits beaucoup plus alléchants, même si celui-ci est destiné à la clientèle touristique non avisée.
Quant au marché « artisanat » du parc, il est à l’image de celui installé le long du quai (cf plus haut), avec encore plus de merdouilles que dans un stand vide grenier d’Emmaüs , à ceci près qu’il s’agit des mêmes objets neufs que ceux du quai : bijoux fantaisie, animaux en crochet, cadres muraux d’où dépassent des bouts de laine pour toute déco, etc…En ce Samedi les visiteurs sont venus nombreux en famille, bloquant les allées avec poussettes et chiens, , américains en week end ou locaux, mais pas d’étrangers.
Aujourd’hui tout est à un niveau sonore difficilement supportable, les petits bateaux à moteur des locaux passent ou viennent s’amarrer à côté de nous, vociférant à tout va une musique qui les mènent tout droit vers une surdité précoce, bannière étoilée au vent, ventre 4XL en avant sous leurs casquettes et leurs chemises fleuries, cahiers de brouillon en couleur sur leurs 4 membres satirés et défigurés, bières ou mugs prothésés sur leurs appendices. Le bateau pseudo à aubes Georgia Queen, charge et décharge ses cargaisons de touristes sans jamais éteindre ses puissants moteurs, et nous avons également droit aux commentaires et consignes donnés par micro aux passagers, les porte containers passent en se lâchant sur leurs puissants klaxons, les bars, glaciers et resto du quai ont haussé à fond leurs sonos se moquant pas mal de la superposer à celles de leurs voisins – l’important c’est d’exister – sans oublier les voix de canard nasillardes des américains saturant les tympans ou les afro-natives par grappes de 5 ou 6, culs bombés serrés dans des leggins, au rire sonore, voix de gorges profondes et à l’attitude peu discrète comme un défi à d’éventuelles remarques à aussitôt signaler aux instances anti-discriminatoires largement affichées dans les transports en commun. Il résulte de tout ceci une cacophonie épouvantable que seuls les médicaments fort heureusement en vente libre dans les supermarchés peuvent soigner . En parlant pharmacies, véritables supermarchés commercialisant aussi alcools, boissons, chips, bonbons, chocolats, peluches, parapluies, vitamines et autres énergisants, repulpants, capillo-boosters, et j’en passe, sur des centaines de mètres de linéaires, les ibuprofène, cortisone, imodium , anti-arthritiques etc…. tous ces médoc que tu ne peux avoir en pharmacie française que sur ordonnance, et encore avec parcimonie, après avoir obtenu un rendez vous par piston auprès d’un médecin parlant roumain, sont ici en vente libre, avec des conditionnements pouvant aller jusqu’à 500 gélules d’Advil par boîte ! Pince-moi ! Autre monde, terre de liberté.
Pas le temps de nous ennuyer à regarder défiler l’environnement, tels les vaches regardant passer les trains. Rappelez moi de ne jamais habiter en ville sur un bateau.




