Lundi 21 et Mardi 22 Juillet
JOUR 1 : Nous avons levé l’ancre à 5h45. Les plaisanciers pêcheurs se suivaient à la queue leu leu dans le chenal accélérant à donf’ passée la dernière bouée, à 4 mètres de nous, d’où gros remous à bord de Ile de Rey . Arghhh ! Grhhh !
Il fait beau, ciel clair et la température se révèle fraiche en mer. Nous chaussons les manches longues et enfilons les bras longs.
En plein milieu de nulle part, attaque en règle de mouches mordeuses. Arghh ! Grhhh !
Nous voguons à voile et à ….. mâ nâaaan hein pas vapeur …. mais moteur ! Partis avec un vent favorable de 13 nœuds nous rejoignons quelques temps après le camp des motorisés quand le vent tombe à 6 noeuds.
Au programme un petit cake sucré, cela ne peut pas faire de mal, et une lessive puisque je suis libérée des éventuels regards inquisiteurs des éco-friendly, nâaan j’parle pas de la Sardine stupide que je voudrais voir creuvant de faim quand il n’y aura plus de production agricole faute d’avoir sû écarter les nuisibles dans les champs. Et en plus si j’ai bien compris, la loi Duplomb ne fait que rétablir en France un pesticide ….. autorisé partout ailleurs en Europe ! Cela me rappelle les cerises italiennes.
Sommes nous le 1er Avril ? car j’ai lu une bonne blague ce matin, j’ai encore mal au ventre d’avoir tant ri : Ségolène souhaite recevoir l’investiture du parti socialiste pour la présidentielle 2027, car elle est prête à se sacrifier pour la démocratie , et en plus pour aller plus loin dans le ridicule elle enfonce le clou : « je ne vais pas me dérober …. Je ne veux pas qu’on puisse dire que j’ai fait partie des personnes avec de l’expérience qui n’ont rien fait……. Je suis prête à conduire les électeurs vers la lumière …..» La lumière c’est comme le gaz elle ne l’a pas à tous les étages celle là. La Gauche a Ségolène, la droite a Villepin ; complètement hors sol ces 2 là, ils se pensent indispensables, ah ! ego ! quand tu nous tiens ! ou peut être un début d’Alzheimer ?
NUIT 1 : la nuit fut mouvementée. A Minuit pendant mon quart, le vent est aux alentours de 6 nœuds, nous sommes au moteur et la mer est assez plate, rien à l’horizon. Je candy crush pour éviter de m’endormir, la lecture étant un soporifique assuré. Une petite pluie commence à tomber et je regarde le radar pour voir ce que l’avenir nous réserve. Enfer et damnation, une grosse masse rouge s’annonce sur le radar, synonyme de gros grains et de vents forts, donc en prévision : attention ! accrochez vous au bastingage ! ça va charcler !. L’italien est au chaud enroulé sur lui-même et même au moteur nous sommes sous Grand Voile à 100% en soutien du japonais, sans aucun ris.. Pas bon ça ! Je m’écarte du lit du grain pour essayer de l’éviter mais je réveille le capitaine pour aviser de la conduite à tenir et au bas mot prendre 2 ris. Et là ! nous ne savons toujours pas ce qui s’est réellement passé et nous supposons qu’il s‘est agi de la conjonction de plusieurs phénomènes, le vent étant monté à 25 nœuds, nous avons eu beau prendre 1 ris puis 2 ris puis 3 ris, impossible de gouverner le bateau, même avec les 2 moteurs en marche à pleine puissance, à tel point que nous avons cru avoir perdu le pilote automatique et/ou les 2 safrans, et bien sûr par nuit noire. En fait en y réfléchissant nous avions un vent qui nous arrivait pile poil par le 180 degrés donc plein vent arrière, doublé d’une mer devenue très chahutée avec un courant de travers de 0,7 nœuds. Nous avions beau tourner la roue en bout de course à tribord ou sur bâbord, impossible de stabiliser la direction, à tel point qu’à un moment nous nous sommes retrouvés dans la direction opposée, retour non pas vers le futur mais vers le passé (vers Long Island). Aux grands mots les grands remèdes, tant pis pour notre principe de ne pas intervenir sur la Grand Voile de nuit avec de la mer (question de sécurité de l’équipage, en l’occurrence ici nous 2) nous avons décidé d’affaler la GV pour reprendre le commandement du catapasdrôle, et là tout OK maîtrise de la direction, en route ma poule après 2 heures de bataille intense et stressante, l’adrénaline l’emportant sur la fatigue par 10-0.
Jour 2 : J’ai repris mon 2ème quart vers 5 heures du matin, l’aube se levait. Chaleur tenable, taux d’humidité ….Des cargos et des pêcheurs pro sur l’eau, il faut rester vigilant à l’AIS ( un triangle vert sur l’écran signalant une embarcation) et au radar (pour les navires sans AIS eh oui ! ça existe ! c’est criminel de nuit, mais ça existe ! et ce n’est pas obligatoire !) . Nous sommes toujours au moteur, tentative de lever de GV, elle ne fait que figure de pub pour magazine. Forte houle en poupe.
8h00 petit déjeuner à 2 au changement de quart et tentative de trouver le sommeil qui ne vient qu’en morse 2 fois une demi heure.
Au déjeuner il n’est pas difficile de reconnaître au loin Atlantic City avec ses monolithes sombres et immenses se dressant seuls sur le paysage de la côte , façon la quatrième dimension. L’ouïe guette la musique bien connue du film avec ses 4 notes entêtantes.
Une horde de mouches rayées jaune et noir s’abat sur nous. Il y en a bien une centaine dans le carré et le cockpit, elles s’accrochent à nous, même pas peur ces garces. Incroyable nous sommes quand même à plus de 10 kilomètres d’une terre. Mais où naissent elles ? de quoi vivent elles ? puisqu’elles ne peuvent profiter de la France, ses subventions, ses prestations sociales, sa terre d’accueil et Rima, qui sont bien loin ! (A moins qu’elles ne soient en retraite pensionnées par la France depuis plus de 100 ans au large de ces côtes US ! A l’impossible elles ne sont point tenues).
Il est 19h00 nous voyons d’autres horreurs en hauteur qui servent d’habitat, nous sommes donc bien au Cap May, et nous nous engageons dans le chenal (inlet) . A 19h30 le moteur est éteint et l’ancre posée juste à côté du camp des Coast Guards. Cette nuit nous serons bien gardés et demain nous entendrons le clairon de la levée des couleurs puis le Ho Ho Ho HoHoHo HoHo de l’entrainement de ces jeunes garçons musclés (qu’elle dit la vieille dame).
37 heures non stop, nous ne sommes pas mécontents de nous poser et de fêter cela avec un petit Whisky bien mérité.