Anse de Stevi stefan (sud de budva) – quelque part en mer au large des cotes de l’albanie

Mardi 12  Juillet 2022

La nuit fut Youpee Youplélé Tagada. Sur le coup des minuit alors que. nous avions entamé notre chemin vers Morphée, le vent sifflait très fort dans les haubans, ce qui nous a réveillé et la houle était très longue, très haute et très présente (heureusement dans le sens de a marche) . Stéphane a donc décidé de mouiller un peu plus loin et nous voilà donc, par un vent installé de 30 nœuds avec des pointes à 39 noeuds, à jouer saute moutons, ou au trempoline, c’est comme vous voulez, à ramasser la chaîne (avance ! chaine à moins dix ! chaine en dessous à moins le quart ! je ne peux pas remonter la chaine !elle sort du davier !  ça tire ! dépeche toi) en pleine nuit pour relâcher 70 mètres un peu plus loin éclairés devant à la torche pour voir s’il n’y a pas de petits bateaux d’activités nautiques à l’ancre ou des couloirs de nage de la côte, devant nous.

J’avoue c’est sportif, ça met du piment dans nos nuits (on met du piment comme on peut à nos âges) , mais faudrait pas que cela se reproduise trop souvent.

Ce matin même topo météo mais quand faut y aller faut y aller. Alors on se refait un. Petit coup de trempoline en tenant la baille à mouillage d’une main pour qu’elle ne s’arrache pas et la zapette du guindeau dans l’autre et en avant : )à gauche ! à droire, devant ! en arrière ! M…e la chaîne est sortie du puit et se déverse dans le coffre sur les pare bat’. Bref, on finit par y arriver, 70 mètres ça ne se remonte pas comme ça sous ces rafales !

Nous étions mouillés sous l’ilôt village médiéval Stevi Stefan entièrement restauré et occupé en un village hôtel de luxe mais fermé depuis 2 ans. Après recherche fermeture car le propriétaire consortium grec attaque l’Etat du Montenegro et lui réclame 100 Millions d’Euros devant la cour de Londres pour ouverture  de la plage privée de l’hotel au grand public, l’Etat, lui, affirmant que l’hôtel s’était illégalement accaparé le Domaine Public pour en faire une plage privée.

Quel dommage tout un village fermé et non accessible. Quel gâchis. Il y a dû avoir des ententes en espèces sonnantes qui n’ont pas dû trébucher dans les bonnes poches ; j’dis ça j’di rien !

En parlant de cela nous avons lu l’histoire du développement du Montenegro dans un article de Courrier International . Pour faire court : développement anarchique des constructions hideuses le long du littoral par accaparement frénétique de celui-ci par des capitaux immobiliers russes et serbes. Les russes et les ukrainiens représentaient plus de 25% des touristes du Montenegro. Ceci explique peut être les nombreuses constructions à l’abandon que nous avons pu voir aujourd’hui. Economie souterraine où règne le black et la corruption. Gros trafic de voitures volées . Dans ce far west sans pitié, un groupe d’investisseurs (dont le patron LVMH – Rotschild et un canadien) avaient imaginé un nouvel Eldorado et créé Porto Montenegro puis installation plus tard du Nikki Beach, pour effectivement attirer une riche Jet set. Une dizaine d’années plus tard, ils ont certainement dû jeter l’éponge car les propriétaires sont maintenant un consortium de Dubai.

Nous allons au quai du port de commerce de  Bar pour les formalités du check out du Montenegro , sans nous arrêter dans la ville. On a vu assez de laideurs comme cela et des villages médiévaux, on sait ce que c’est . On a donné.

Alors attention Bar :  le plus grand port de commerce du Montenegro. On s’attend à devoir slalomer entre les porte-containers et longer des kilomètres de quais surchargés en pleine effervescence avec les bruits des grues en activité , des freins de camions, et des pneumatiques des bennes déversant leurs marchandises.

Que nenni ! il y eu une épidémie ici ? ils sont tous morts ? Silence total. Pas un bruit. Pas un seul porte containers, pas un seul tanker , pas un seul bateau de pêche, allez quoi une petite barque de pêcheur au moins pour me faire plaisir, eh ! bien non ! Des silo désertés veillent à l’entrée de la jetée. Aucun bateau dans le port ni à quai,  à part  2 frégates militaires assez récentes et une autre qui rouille tranquillement , sans oublier 3 bateaux de la police / douane qui se balancent mollement attendant peut être l’arrivée d’un improbable crédit pour refaire le plein et ainsi reprendre leurs activités. D’une minute à l’autre on va certainement apercevoir un ballot de feuillus du désert rouler sur l’asphalte du quai et dans un nuage de sable au loin arriver les 7 mercenaires venus dézinguer Fil de Fer le Faucheux à Rio Bravo.   Harmonica !  please ! 

Comme d’habitude il faut d’abord aller voir le harbour master situé à 500 mètres de la douane, elle, tout près de notre quai , puis revenir à la douane ; seul le capitaine autorisé à quitter le navire.  Je reste donc  à quai et j’épluche mes concombres en prévision de la longue route à faire.

Depuis ce matin (et cela fait donc plus de 10 heures, nous n’avons croisé que 2 bateaux en tout et pour tout) .

Nous sommes aussi sous voiles depuis Bar donc depuis 8 heures (hours not o’clock around the clock tonight ) (avant c’était au moteur car le vent était trop fort et risque de casser du matériel) ,  par le travers avec bonne houle dans le derrière qui nous fait surfer (surf in USA,  Yé Yé), vent de 15 nœuds bien établi, notre allure est entre 6 et 8 nœuds, ça marche super.

La nuit va être longue, no stop in Albania. Donc plus de 150 Miles entre Bar et Corfou, soit dans les 20/24  heures de navigation. Nous nous relaierons à la veille. Nous sommes à environ 7/8 miles des côtes albanaises, les pirates ne devraient pas être là. Espérons que ceux que nous pourrons éventuellement croiser aient un AIS, car ils ne sont pas légion ni en Croatie, ni au Monéténégro.

Je ne peux terminer sans vous parler de mon pain d’hier : exceptionnel. Il sentait le pain à la cuisson, il était doré à la sortie, il croustillait à la coupe, il faisait schrounschrounche sous la pression, bien élastique, la mie avait des trous,  et il avait vraiment le goût du pain.

Il faudra que je rajoute 3 grammes de plus de sel par rapport à a recette, quoique l’ayant exécutée sous forte houle avec ma balance électronique …. Si vous voyez ce que je veux dire … le zéro oscillait entre moins 10 grammes et plus 27 grammes , donc j’en ai mis combien en vrai ? Il faut maintenant que je trouve une astuce pour le conserver frais sinon c’est le bon vieux truc qui marche : sous l’eau vite fait et puis au four, ça vous redonne une de ces jeunesse à la miche , Madame Michu  ! .

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