Vendredi 18 Avril 2025
La matinée est consacrée à mon travail de ménagère de plus de 60 ans : ménage et lessive.
Puis l’après midi nous prenons le dinghy avec Anth’R’Flo pour retourner sur l’île de Ragged Island, juste au Sud, que nous avons quittée la veille, car c’est plus près pour visiter la « ville » de Duncan Town.
Mon Dieu ! Dieu du Ciel ! et Sacrebleu ! Duncan Town qui concentre toute la population de Ragged Island, est une véritable désolation, une ville fantôme. Le ministère faisait état de 210 enfants et 80 adultes (cf plus haut) , ils ne sont plus que 16 familles. Seuls 4 enfants fréquentent l’école rebâtie en 2019, maison polyvalente à la fois logement pour les enseignants, école et abri anticyclonique. Toutes les maisons sont éventrées, les tuiles envolées, le poste de police n’est plus qu’une carasse au toit effondré et aux huisseries bancales sorties des gonds. Partout des restes de voitures ou de camionnettes dépecées et complètement rouillées posées sur les jantes . Pas âme qui circule sur les 3 routes parallèles de ce bourg . Une petite chapelle tente de faire bonne figure avec une peinture plutôt récente. Quelques maisons éparses semblent avoir été reconstruites avec leur peinture orange, bleue ou jaune, mais aucun habitant ne semble y passer ses jours ou ses nuits. Nous croisons 4 hommes, visiblement des pêcheurs et un petit garçon à vélo à qui nous demandons combien ils sont dans son école : 4 enfants, nous répond il, nous croyons qu’il a mal compris notre question , hélas c’est nous qui n’avons pas compris l’étendue du désastre. Une « épicerie » nous ouvre ses portes . Une dame âgée nous accueille. Son sombre local de 20 M2 n’a pas dû voir autant de monde depuis au moins plusieurs semaines. Les rayons déserts affichent tout au plus 10 références : shampoing – soupe Heinz – crakers – Corn Flakes – PQ – poudre de sodas – haricots en boite – et 1 petit congélateur.
Les déchets de canettes, de bouteilles, de fils électriques et j’en passe ornent les bas côtés. Des marais autrefois salants bien alignés teintent de violet l’horizon. Et au milieu de cela 2 panneaux stop incongrus. L’épicière nous explique que l’ouragan Irma est passé par là en 2017 et a ravagé l’île, les familles ont déménagé, les enfants sont partis à l’école à Nassau malheureux comme les pierres après avoir connu la vie dans leur île sauvage. C’est triste. Heureusement que le soleil brille car un petit coup de pluie et de tempête la dessus, je ne suis pas sûre que nous nous serions remis de notre vague à l’âme. Smith et son copain Wesson nous auraient bien tenu compagnie. En tapant ces quelques mots j’ai la fâcheuse impression de commenter un documentaire de Thalassa sur les îles du bout du monde.
De retour au bateau nous allons sur la plage rejoindre le « Hog Cay Yacht Club », savoir un toit de chaume et 4 piliers de bois, installés il y a 13 ans par les habitants de l’île pour instaurer une convivialité des voiliers de passage. Il y a 2 tables et des chaises de fortune, 1 barbecue rouillé , des amarres suspendues pour escalader le petit rocher, un filet de pêcheur dressé pour faire de l’escalade. Une décoration de pare-battages et de bouées perdues de pêcheurs servent de décoration, suspendues à un arbre, qui devient ainsi un véritable totem en hommage à la navigation. Les bateaux de passage gravent leur nom sur de bouts de bois et les suspendent à la charpente de cet abri. Ici nul bar, nul barman, nulle caisse enregistreuse, nul comptoir, nul frigo ; seulement des bateaux qui amènent leur boisson et/ou leurs viandes pour faire connaissance et palabrer le plus souvent au coucher du soleil. En général, des canadiens et des américains, mais peu importe, la navigation n’a pas de frontière. Tout est échanges simples et conviviaux. Le Club de la Grande Amitié. C’est surprenant, c’est sans frontière, c’est bon enfant, et il mérite bien son nom de Yacht Club.
J’y ai d’ailleurs trouvé la fiancé de Josef une superbe blondinette de 3 ans bilingue Français (de Québec) et Américain, bientôt trilingue Espagnol, au caractère bien trempé et si attachante. Josef , Come Over, je vais te la présenter.
Ce que j’aime dans tout cela c’est le melting pot sans tabou et sans jugement. Le monde est One and Only . Un seul et même monde.
Retour au cata avant l’heure des moustiques.









