Dimanche 26 Mai 2024 – Lundi 27 Mai – Mardi 28 Mai 2024
Nous voilà partis en minibus pour la Havane. Après une route de campagne nous atteignons « l’autoroute » à la mode de Cuba ; savoir des vélos, des tchouk tchouk vélo ou moto propulsés, des charrettes à cheval, dans le bon sens ou en sens contraire , pas grave cela n’a l’air de gêner personne et des intersections sans feux ni stop !!! Bref !!! no comment .
Un terre plein central quand même végétalisé en haies basses bien entretenues ainsi que les bords bien dégagés à la serpette ou brulés, une route acceptable avec quand même quelques nids de poule valant aux véhicules de rouler sur la gauche pour les éviter et à nos augustes fessiers de rebondir sur les essieux. Nous pouvons cependant rouler à 80 km/heure avec 3 ralentissements à 30 KM/heure pour cause de zone de contrôle mais nous n’avons pas été contrôlés. De toute façon ce sont plutôt les chauffeurs qui le sont, leur licence et le document de transport des voyageurs.
Sur l’autoroute quelques arrêts possibles pour se désaltérer et faire la pause des femmes mais ce sont quelques cabanes plus ou moins élaborées qui ont quand même le mérite d’exister. Là comme ailleurs dans le pays, les machines à café sont alimentées en pannes électriques aléatoires !
Nous longeons le parc national Cienaga de Zapata avec de magnifiques arbres très hauts formant une énorme boule compacte, et des palmiers géants bien entretenus, puis ce sont quelques hectares de plantations de cannes à sucre ? de rizières ? et puis des friches, des champs où semble se pratiquer l’écobuage, des maquis et quelques fermes avec des tracteurs remontant au temps des mammouths, et même un attelage de bœufs. Pas mal de vaches paissent dans des prairies brunes de sécheresse, sans grand chose à brouter, mais elles semblent assez grasses contrairement à celles que nous avions vues jusqu’à présent.
Très peu de monde sur cette route/autoroute, l’essence coûte cher et les voitures ne sont pas à la portée de toutes les bourses.
Nous ne croisons qu’un seul village en 220 km
A l’approche de La Havane la circulation se fait légèrement plus dense en motocycles et vélos et nous apercevons une gigantesque concession Mercedes toute neuve. Difficile de comprendre qui est la clientèle, qui peut s’offrir ce type de biens et à qui appartient la concession. Nous pensons qu’il s’agit de joint ventures avec l’Etat très majoritaire. Les bords de route sont là aussi entretenus et plusieurs charrettes de marchands de fruits et légumes jalonnent le chemin. Essentiellement des mangues, des papayes , du chou , des tomates, des bananes et du manioc.
3H30 plus tard, nous arrivons aux 2 destinations. Mahoa et ile de Rey ont préféré être dans une casa, comprendre une sorte de maison d’hôtes appartenant 100% à des particuliers, pour être plus près de la vie des locaux et Seas et See et Absconder ont préféré être dans un hôtel « de luxe » appartenant à l’Etat . Moralité les 2 groupes avaient eau et électricité ainsi que l’air conditionné mais la Casa Tropical nous offrait la possibilité d’une location de carte sim alors que le wifi était pratiquement inexistant à l’hôtel Inglaterra et nous avions le service de 2 personnes là où l’Inglaterra avait le charme des salariés de l’Etat totalement sourds à la notion de service jusqu’aux assiettes et petites cuillères en quantités insuffisantes.
En revanche l’environnement était assez différent puisque l’hôtel Inglaterra était situé sur la place tout à côté du magnifique théâtre d’époque et du Capitol (siège du gouvernement) et nous étions à 400 mètres dans une rue populaire et délabrée. La Casa Tropical s’est révélée être un havre de paix insoupçonné, derrière une porte de rue peu engageante, avec des carrelages et un ameublement soignés et décorés . Les propriétaires Maryleydis et Gérard habitent Toulouse, elle est cubaine et lui est français. 3 employées sont présentes dont 1 joue le rôle de relation clientèle, 1 intendante et 1 de femme à tout faire travaillant 24h/ 24H tous les 2 jours. Petit déjeuner servi sur la terrasse avec fruits coupés, jus de Goyave, 1 œuf,pain, beurre (sans excès !) et pâte de goyave ayant le gout de la confiture de fraises.
L’employée à tout faire nous avoue que tout le monde cherche à fuir Cuba puisqu’il n’y a plus ni médicaments, ni rien à manger ni rien à acheter comme des produits d’hygiène. Les « maisons » ou on devrait plutôt dire «lieux de vie » ne sont pas chères car toutes en vente pour avoir l’argent pour fuir. Ils cherchent à fuir dans les pays ne nécessitant pas de visa pour les cubains comme l’Uruguay. Employée par une Casa, elle nous dit gagner plus qu’un médecin et bien plus qu’en étant dans un hôtel d’Etat mais elle ne nous a pas donné son salaire.
Notre Casa coûtait 20 dollars la nuit plus petit déjeuner à 5 dollars par personne (prix non justifié même s’il était bon et complet). L’inglaterra était à 110 dollars mais Seas to see semblait regretter ne pas nous avoir rejoint.
La Havane, comment dire ? c’est tout pour la façade au sens propre et figuré pour ce qui est Etatique : des façades de bâtiments publics coloniaux rénovés et repeints de frais dans le centre historique (souvent rénovés par l’Europe, le Japon, l’Espagne, des fondations ou l’Unesco) , notamment le Capitol et le théâtre colonial magiquement illuminés le soir, des places arborées et entretenues, des hôtels de luxe de chaines comme Kepinsky ou Mélia. Mais derrière ces façades coloniales de l’hyper centre historique, des bâtiments pratiquement tous fermés aux volets clos et dont les étages montrent des fenêtres sans plus de carreaux laissant apercevoir à l’œil du touriste avisé des plafonds aux poutres explosées, des échafaudages et étais en bois pourris depuis longtemps abandonnés, voire même des façades nues tenues par des bastaings derrière lesquelles poussent des taillis.
L’essentiel c’est de glorifier la Révolucion avec un grand R et un petit c, dont les slogans de patriotisme et de courage s’affichent au détour d’une pancarte dans un jardin public ou une place stalinienne toute neuve (bien sûr la place de La Révolucion) avec un monument à la gloire de la grande victoire, parfaitement déplacé dans un pays qui crève la faim.
Nous faisons un tour de la vieille ville, de la nouvelle ville et du Malecon (bord de mer où siège notamment l’ambassade des Etats Unis !!! quelle fumisterie ces histoires de frères honnis ! ! ) en grosse voiture américaine, voitures repeintes aux mille couleurs criardes (rouge – rose – vert pomme – violet – turquoise) devenues magnifiques attractions touristiques à la carrosserie sans reproche mais à l’intérieur défoncé, démarrant par le contact de 2 fils . Le prix de 60 dollars l’heure a été abaissé à 30 dollars faute de touristes suffisants (a priori les hôtels de la Havane ont, en ce moment, un taux de remplissage qui ne doit pas dépasser les 40%). Le chauffeur nous confirme vouloir fuir comme le reste des cubains.
Il fait une chaleur accablante, c’est atroce et épuisant. Ma tête est prête à exploser de chaleur. Et un tour en décapotable américaine n’est pas fait pour calmer le jeu….. c’est effroyable ! insupportable !
Nous nous rendons au bar Floridita, bar rendu emblématique par Hemingway et resté dans le jus de l’époque. Il semble bien connu des touristes…..
Nous nous promenons dans la vieille ville. Sortis des places centrales aux bâtiments coloniaux gouvernementaux, où pullulent les arcades aux faux airs de rue de Rivoli, des musées des beaux arts, de la pharmacie, de la culture, de la Révolution, j’en passe et des meilleurs etc etc etc, tous fermés le Lundi ou tous fermés tout court, j’ai même cru qu’on allait tomber sur un musée du lacet ! sortis des Palacios coloniaux reconvertis en centres gouvernementaux des relations internationales , des relations culturelles etc etc, dont seules les façades aux volets fermés cachant la misère, attestent d’une vie cossue passée, sortis de ce petit centre aux hôtels de « luxe » , les gens vivent dans des taudis puants.
Là où tu penses voir un immeuble abandonné sans plus de fenêtres, la porte d’entrée éventrée, tout comme la moitié du toit , des sacs poubelles bouchant les ouvertures, des gravats au pied, eh bien non ! des gens y habitent comme en atteste le linge qui sèche dehors . C’est absolument incroyable !
Tous les coins et recoins puent l’urine, le centre et ses arcades rivoliennes n’y coupe pas, quand ce ne sont pas des odeurs de fruits en décomposition sous les 40 degrés au soleil, pas moins, ou de 5 lettres surchauffées . Gravats des façades qui tombent et déchets jonchent les rues. C’est immonde. C’est pourri. C’est délabré.
Une rue historique plutôt mignonette menant à la Plaza Vieja a été rénovée. C’était un beau projet, hélas Pepe Jeans et United Colors of Benetton seuls investisseurs ont déjà jetés l’éponge et ils n’en reste que des portants où se balance un seul cintre vide sur des portants laissés là.
A quelques coins de rue des charrettes de fruits et légumes qui ne font pas envie tant les marchandises semblent pourries et toujours les mêmes papayes trop mûres – bananes tâchées– manioc moisi.
Impossible d’acheter une bouteille d’eau dans les « épiceries» (1 demi étagère dans un couloir sombre d’immeuble), c’est un produit rare et cher que seuls vendent les hôtels et restaurants.
Les menus des restaurants sont toujours pareils : escalope de porc ou de poulet , je devrais plutôt dire semelle de porc ou de poulet – ropa vieja (effiloché de bœuf ) – camarones (petites crevettes) ou langouste, accompagnés de riz, 3 rondelles de tomates et du chou râpé. Nous en avons tellement assez que nous nous jetons sur des hamburgers (de porc) des pizza et des sandwich jambon fromage dans les terrasses aériennes des grands hôtels aux prix américains.
Le Mardi nous visitons le fort rénové magnifique censé être le musée retraçant l’histoire de Cuba. En fait ce sont quelques cinquantaines de portes toutes fermées sauf 3 dont 1 contient 1 autel d’église dans 30 M2 , une autre 4 outils préhistoriques dans 15M2 et la dernière 3 panneaux nous parlant du coup de canon tiré quotidiennement aux temps coloniaux puis abandonné sous les américains du début de siècle puis remis en marche ; puis abandonné à la révolution de Fiel Castro car trop impérialiste, puis remis en marche quelques années plus tard toujours sous Fidel comme faisant partie du patrimoine cubain. Fidel c’est comme les LFI, il n’en était pas à une contradiction près !
Et enfin nous repartons le Mardi après midi pour notre port à Cienfuegos . Nous avons tous hâte d‘y arriver.
En conclusion La Havane, on peut dire qu’on l’a vue, on a tiqué la case mais perso aucune envie d’y revenir et trop contente d’en partir. Chaleur – puanteur – décrépitude – misère et arnaques aux touristes. La ville qui te considère comme un dollar ambulant et que tu ne souhaiterais pas, même à ton pire ennemi, quoi que ……. j’y enverrai bien les LFI, les syndicalistes et les cheminots et aussi Hidalgo .
Bon La Havane ça va ! C’est aussi 6 km sous ce cagnard d’enfer Dimanche après midi , 10 km Lundi et 10 km Mardi !
Veni Vidi Repartie au bord de l’apoplexie ! je préfère la campagne oubliée et authentique de Cuba .
Pas vraiment envie de faire un bis repetita dans le futur !!!





















