Mardi 19 Août 2025.
Nous rejoignons le ponton de Zimmerman Marine sous la pluie qui se dissipera en fin de matinée. C’est donc le terminus. L’ouragan Erin menace pour la fin de la semaine, j’espère que tout se passera bien. Nous devrons en voir la queue avec du vent et une petite montée des eaux, mais en principe nous devrions être protégés au ponton du shipyard.
Je vais arrêter ici mon blog 2024/2025 et c’est déjà l’heure du bilan de la saison.
Partis de France le 28 Novembre 2024 et de Rio Dulce Guatemala le 19 Décembre 2024 , nous finissons notre périple le 18 Août 2025 à la bouée de Zimmerman dans Mobjack bay – Cheasepeake Bay – Virginia – USA et au ponton du chantier le 19 Août 2025. Le bateau sortira de l’eau le 26 Août 2025 pour l’hiver. Nous serons en Air B and B à Mathews du 24 Août au 1er Septembre 2025 puis nous reprendrons l’avion pour Nice au départ de Washington DC le 1er Septembre 2025.
Je commencerai par quelques données chiffrées :
243 jours à bord de Ile de Rey – environ 460 repas à préparer en enlevant à la louche les restaurants et je ne compte plus les centaines de kilos d’avitaillement à transporter. Je sais maintenant décliner le mot poids chiche ou aubergine en français, en espagnol et en anglais et bien d’autres mots encore, il est donc bien vrai que les voyages conservent la jeunesse, hi hi hi hi !
J’ai confectionné au moins 80 pains de mes blanches main et monsieur SEB au moins 490 yaourts. Cela en fait de la farine (40kg sans compter les gâteaux) et du lait (au moins 60 litres), ce qui explique les biceps en super forme, car il faut les transporter .
Nous avons eu chaud, très chaud et majoritairement caniculairement chaud et pourchassé des dizaines de mouches mordeuses, moustiques ou taons sans oublier les IVNI, Insectes Volants Non Identifiés qui tentaient d’envahir notre espace vital tout en festoyant de nos tendres chairs.
Nous avons malheureusement beaucoup sollicité notre japonais alors que nous aurions préféré déployer plus souvent nos toiles plus conformes à l’esprit de Greta – Sandrine ou Marie (Thunberg, Rousseau, Tondelier pour ceux qui ont du mal à suivre).
Nous avons bien souvent essuyé des vents contraires et des mers agitées surtout dans la remontée vers le Nord en partant du Guatemala. Mais nous avons aussi été soumis à des vents violents et soudains comme le mémorable 60 nœuds de la Statue de la Liberté ou les 41 nœuds aux Bahamas ou encore les 36 nœuds à Annapolis. Dans ces cas là les nerfs sont à rude épreuve et il faut savoir calme garder.
Nous avons traversé peu de pays contrairement à l’année dernière mais avons quand même parcouru 4 425 Miles (8 215km) en navigant le long des côtes du Guatemala – du Belize – du Mexique – des Bahamas (5 archipels) – des USA (10 états) . Le tout, et je le répète, au rythme d’un vélo nonchalant. Ile de Rey compte désormais 41 557 km au compteur depuis Juillet 2020.
Nous avons passé 243 jours à bord dont 37 nuits forcées au port pour réparation ou météo – 18 sur bouées – 179 nuits à l’ancre et 9 nuits en mer.
Nous n’avons pas eu d’incidents majeurs à bord : pompe du générateur qui fuit et timer du générateur ayant pris la foudre qui ont provoqué un faux départ du Rio Dulce puis l’antenne Starlink qui nous a lâchés au Mexique , le pilote automatique défectueux à Nassau pour un problème de goupille, l’annexe percée suite au mouillage dans un gros câble acier au Cap Fear en Caroline du Nord, changement des 2 Garmin à Long Island suite à un problème d’écran défectueux, et enfin le câble du dinghy nous obligeant à n’avoir que la marche avant sans point mort ni marche arrière, sans pour autant nous priver de ce moyen de transport vital dans notre périple.
Pour les engueulades à bord, je préfère rester discrète sur le décompte ……
A divers stades de notre navigation entre le Guatemala et les Bahamas nous avons navigué avec des bateaux copains français : Mahoa (Christine et Jean Pierre) – Grumpy (Sabine et Fred) – Anth’r’Flo (Martine et Stéphane) – Karlana IV (Brigitte N°2 et Humphrey et Jean Michel) que nous avions connus la saison précédente. Nous avons renoué le temps d’un déjeuner ou d’un diner avec Féline (les suisses Nancy et Patrick) au Bélize, avec Aurelia (les allemands Tina et Berndt) aux Bahamas, avec Alectryon (l’américain Christopher) aux Bahamas et à Port Washington (USA). Mais nous avons poursuivi seuls l’aventure sur le parcours des USA. Nous avons fait de nouvelles connaissances américaines que nous reverrons avec plaisir lors de leurs séjours en Europe, je pense à Voilà (Loren et Hervé) mais aussi les terriens Julie et Richard de St Michaels.
Nous avons beaucoup ancré dans des mouillages déserts ou presque, mais pratiquement toujours seuls dans les mouillages du Bélize et des USA.
Nous avons aimé le Guatemala pour son exotisme, mais nous n’y retournerons pas volontairement . Nous avons été déçus par le Bélize pour son snorkeling, nous en attendions trop en comparaison des Maldives et des Bahamas et nous n’y retournerons pas volontairement. Nous avons détesté la côte Mexicaine du Yucatan avec son tourisme de masse, ses horribles et denses constructions, ses plages sans intérêt et ses tracasseries administratives aussi prétentieuses qu’inutiles. Comme l’an dernier, nous avons adoré les Bahamas – surtout les Exumas- avec toujours de nouvelles découvertes et nous avons adoré les USA qu’il s’agisse du Sud colonial – du Nord un peu snob à l’Est de New York – ou des « rias » façon lacs arborés de Chesapeake Bay.
Nous retournerons donc dans les Bahamas et aux USA en poursuivant vers le Maine l’année prochaine mais nous essaierons d’éviter la canicule et nous importerons en masse du pays des ventilateurs en 220 V – 50 Htz pour notre bord !
Nous ne nous sommes pas baignés tant que cela pour des problèmes de météo – de peur des requins – ou des méduses – d’eaux un peu trop troubles. Nous avons vu des lamentins – des cochons sauvages – des canards et des oies sauvages – des pélicans – des hérons – des rapaces à tête blanche américains – des geikos – des poissons exotiques – des dauphins, des tortues et des raies et même un ou deux alligators. Nous avons entendu les singes hurleurs de la jungle mais nous n’avons vu ni Mooglie ni Tarzan, et admiré les écureuils qui ne sont pas forcément tristes le Lundi aux USA.
Nous avons eu peu de passagers du fait de la difficulté d’organiser des points de chute à l’avance, compte tenu des aléas de la météo et de l‘état de la mer, des pannes éventuelles et des lieux très éloignés ou dépourvus d’aéroports internationaux ou tout simplement de moyens de transport et de communication appropriés.
Pour nous rejoindre dans nos aventures, il faut être prêt à se décider à voyager à la dernière minute, sous 48 heures, à subir des voyages de plus de 36 heures avec quelques fois 3 changements d’avion pour nous rejoindre, et 3 moyens de transport différents, à nous attendre au pied levé 8 jours dans un hôtel s’il le faut pour cause d’imprévu quel qu’il soit, à prendre son billet retour en open toujours pour tenir compte des imprévus, à ne pas avoir peur de passer des nuits de navigation à bord si nécessaire pour voir des escales plus intéressantes, à se satisfaire de ce qui est disponible dans les épiceries locales, dans le frigo ou en conserve en s’adaptant à la nourriture locale pas toujours à nos goûts européens.
Si tu es prêt à tout cela, ami, ta cabine t’attend avec grand plaisir.
Je me suis X fois énervée sur les nouvelles de la mère patrie dont je vais retrouver avec bonheur notre home sweet home douillet mais sans joie aucune en ce qui concerne le contexte politico économique et social. Ces derniers 9 mois m’ont appris qu’il pouvait exister des pays où l’on pouvait vivre sereinement, s’exprimer librement sans la censure des « bien pensants » minoritaires, avec des personnes civiles, respectueuses, polies et accueillantes. Une véritable bouffée d’oxygène !
Voilà donc la fin de ce voyage, nous allons retrouver famille et amis au pays, et je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures qui devraient reprendre vers Février 2026.



