Lundi 20 Janvier 2025
Hier soir dîner dans un restaurant de la marina appelé La Caleta, une excellente viande de bœuf très tendre cuite « azul » (bleue) comme demandé, ce qui est rare, et un vin rouge Malbec argentin pas trop mauvais, puis gâteau au citron. Un peu cher (65 dollars par personne) mais cela valait la peine. Il n’y avait que de la langue anglaise aux tables autour de nous, certainement USA et Canada, et une chanteuse, très belle voix d’ailleurs, qui n’a pas chanté que des rengaines mexicaines. Bonne ambiance au bord de l’eau. Sympa.
Ce matin c’est le grand jour, nous allons nous dédouaner ! alors on met le masque de bienveillance, on s’arme de patience et on prend un anti-dépresseur.
Nous passons par un agent car le process est long, compliqué et incompréhensible parait-il. Nous ne saurons donc jamais quelles sont les taxes douanières et quels sont les honoraires astronomiques ou non de l’intermédiaire puisque c’est lui qui encaisse tout en dollars US et en cash, comme de bien sûr ! car le terminal de carte bleue est en panne, comme de bien entendu ! c’est ça prend moi aussi pour une quiche, et qui est chargé de reverser ensuite la gabelle aux autorités mexicaines. Cela nous coûte 350 US dollars pour le bateau plus 47 US dollars par personne ; soit en tout : 450 US Dollars ! Pour ce prix là c’est 1 semaine all inclusive au Maroc vol compris ! Nous n’avons jamais payé telles sommes pour rentrer dans un pays de tout notre périple et des 23 pays traversés. Et à la sortie cela devrait nous coûter 290 US dollars !!!!
Le capitaine du port est un gars intelligent, contrairement à l’intermédiaire Walter. Il nous signale que toute importation d’alcools et vins, cigares et cigarettes est interdite sauf à payer des droits de douane exorbitants par produit prohibé. Sont parallèlement interdits, cette fois pour des raisons sanitaires, toute viande, tout fruit, tout légume, tout fromage, frais ou surgelés. A priori les conserves ne posent pas de problème.
On commence par croire à une blague puis c’est panique et branle-bas de combat. Je rappelle que je me suis dotée de provisions en prévision de la disette de Cuba, si nous y passons, et des trop chères et trop peu achalandées Bahamas.
En frais les niveaux sont bas, 3 pommes, 4 oranges, 1 butternut, 1 oignon, 1 autre butternut mais préparé pour la cuisson de ce midi et 1 ananas découpé pour ce midi, mais en surgelés……
Qu’importe ! le port a une solution, il nous ouvre grand les placards de la capitainerie avant la visite des officiels pour y stocker les interdits. Sympa mais pas vraiment cool pour mes surgelés mais c’est mieux que rien !
Arrivent alors les caïds, visages fermés, sourire aux abonnés absents, chaussures aux pieds et c’est pas des espadrilles ! (arghhh, grhhh), forts de leur pouvoir et de leur domination. Il y a celle de l’immigration, celui des douanes, celui de l’agriculture et le chauffeur dont on ne sait qui l’a invité à bord, plus l’intermédiaire Walter. Tout ce petit monde s’assoit autour de la table, formulaires en main, et la séance écritures peut commencer. Le Walter a pré-rempli les documents mais cela prend quand même du temps ! il y a les recopies, les signatures, le tampon, je crois que l’agrafage a été épargné.
Je ne sais parler ni anglais ni espagnol, je connais tout juste quelques mots, ce qui me permet de jouer à l’idiote et je laisse donc Stéphane répondre.
Le premier à bouger est le douanier qui demande à inspecter le bateau. Il n’est pas très exigeant et comme je ne comprends évidemment pas ce qu’il dit, quiche de bonne femme que je suis, il voit que cela va prendre des heures à me faire des gestes, alors cela va vite. Nous avons seulement laissé 4 bouteilles d’alcool entamées dans le bar et nous ne fumons pas, cela lui va. Il me demande d’ouvrir 2 placards et à peine entre-ouverts, c’est OK. Je me dis cool !
C’était sans compter sans l’autre de l’agriculture. Pour leur donner du grain à moudre, j’avais laissé 2 toutes petites tranches de lard et 1 beurre au congélateur. Et voilà qu’Il me subtilise le lard que j’avais pourtant mis sous vide au préalable ! Au frigo je n’avais presque rien, il s’est désintéressé du beurre, de mes yaourts maison, m’a fait la leçon sur mon ananas coupé qu’il a exigé que nous mangions ce midi, j‘ai cru qu’il allait le prendre, a mis les doigts dans mon reste de cake aux aubergines (arghh, grhhh !) , n’a rien dit sur mon butternut coupé et m’a pris mon fromage de brebis, coupé dans la rouelle achetée au Guatemala et que j’avais mis dans de l’aluminium. Tssss ! grhhhh ! m’est avis que le fromage lui faisait envie ! On s’en tire donc à bon compte.
Puis ils sont partis, et ça vous arracherait les gars un au revoir, un merci, un bienvenue au Mexique, un merci pour la tune que vous allez dépenser dans notre pays et qui nous fait vivre !
Ah ! et j’oubliais, cerise sur le gâteau, huître sur le rocher, taon sur la vache, nous avons obtenu un droit de séjour de 6 mois mais si nous restons plus de 2 semaines il faudra que nous procédions aux formalités d’import temporaire de notre bateau et de notre annexe…… je n’ose même pas envisager ce que cela doit nécessiter en paperasse et en …… taxes …. bien sûr! . Non mais c’est pas écrit La poste non plus sur notre front, tu nous prendrais pas un peu pour des américains, des fois ? Nous avons lu sur les sites de navigateurs que certains sont en procès depuis 10 ans sur le sujet avec l’Etat mexicain et ne peuvent même plus rentrer au Mexique car certains fonctionnaires se sont emmêlés les pinceaux avec les procédures ou n’ont pas fait diligence et donc les pauvres se retrouvent dans la mouise et l’illégalité avec les autorités mexicaines obligés de prendre des avocats. Arghh , Grhhh !
Je précise que les lois et procédures sont peut être identiques dans le tout le Mexique mais que leur application stricte ou intelligente varie selon les ports d’entrée, la mer qui les borde, Pacifique ou Caraïbes, et le niveau et/ou la bonne volonté des fonctionnaires bornés ou non qui les appliquent .
Ajoutez à cela une journée grise et plutôt fraîche (là je ne m’en plains pas ), vous l’aurez compris, à ce stade, Puerto Aventuras c’est pour moi le port qui n’aime pas les navigateurs et mon avis c’est : Passez votre chemin ! et ne venez surtout pas vous dédouaner ici.
A 16 heures, heure de ré-ouverture de la capitainerie, nous allons récupérer notre butin. Mes surgelés se portent à peu près bien car je les avais stockés dans un sac Picard, et toutes nos bouteilles sont encore là. Nous avons donc sauvé le grisbi !
Il est 19h00 et il pleut, nous restons au bateau et ce soir c’est Pasta !


