Mercredi 11 Juin 2025
Arrivée à 14H30 dans l’inlet du Cap May pour le repos du guerrier après plus de 28 heures de navigation non stop.
Aujourd’hui je bascule du côté obscur de la force…… de l’âge.
Mon ego en prend un vieux coup et les rides m’en témoignent encore plus que d’habitude.
Une seule chose positive, quand on vieillit la vue baisse et on ne voit plus ses propres rides dans le miroir, seulement sur les clichés que j’interdis donc de prendre. Et on suppute sur le nombre de belles années qu’il reste à apprécier…. Cela fait peur.
Nuit hachée de veille, peu dormi, fatigue. Début de nuit trempée de chaleur et au matin un petit pull et un surplus étanche. Cherche pas à comprendre Charles !
Au moteur toute la nuit et le reste du voyage. Un peu de houle et une mer plate qui roule sous l’effet d’une longue houle qui nous déstabilise dans un roulis d’ivrogne. Et bien sûr toujours cette humidité ambiante qui te transperce, imbibe draps, vêtements et sols. Dommage car une douce température de l’ordre de 26/28 degrés aurait pu me faire aimer le climat local. En revanche les mouches mordeuses sont toujours omniprésentes même de nuit et elles ne sont pas privées pour me renifler de très très près et plus car affinités (seulement de leur côté) . J’ai tout essayé, du off à moustiques, du raid pour volants – nullissime, de la tapette dont je suis devenue experte, je n’en suis pas encore au niveau doctorat es fly killer car tuer une mouche d’une sarbacane demande beaucoup d’années d’expérience.
Nota : ne pas confondre tapette et zapette, laquelle est ce truc à touches numérotées et de couleur généralement noire qui est l’appendice de ces messieurs vos époux pour rester maître du petit écran, lesquels ne se privent jamais de changer de chaîne en plein milieu d’une phrase qui t’intéressait ! Que la première ménagère de plus de 50 ans qui n’a jamais vécu cela me jette sa première lessive.
Il n’en reste pas moins que je suis un stigmate géant de ces calamités de mouches : boules douloureuses et ultra urticantes sous cutanées, avec rougeurs et gonflements, sur toutes les parties possibles du corps. J’en suis à porter des pantalons et des chemises à manches longues pour essayer de me protéger et je me parfume à « brise de vinaigre blanc » en flacon ménager tout en suçant de la cétirizine. Je vais peut être songer à porter des moufles pour ne pas m’arracher la peau.
En 28 heures de nav’ depuis Norfolk , 148 miles, 4 états traversés (Virginie – Maryland, Delaware et New Jersey) nous n’avons croisé aucun bateau autre que 5 ou 6 petites embarcations privées de pêcheurs du Mercredi, parties tâter de l’hameçon à l’aube blanchissante, aucun plaisancier, aucun moteur, aucun cargo. Et Oh ? Y’a quelqu’un ? Seul me répond le silence des mollusques arthropodes, que je ne connaissais pas, qui nagent en surface et sont nombreux par ici : les limules. Je vous invite à découvrir leur sale gueule d’un autre âge sur Internet, entre ridicule petite raie et sabot de cheval à longue queue sur la carcasse de laquelle se seraient greffés 2 petits yeux.
Aux abords du Cap May, la côte est une ligne continue de buildings, immeubles, plus trapus et moches les uns que les autres .
Nous prenons notre escale pour ce qu’elle est une simple pause technique sans courage d’explorer les environs. Nous repartirons dès demain matin.
L’inlet n’a aucun intérêt sauf à entendre notre voisin de rive de notre mouillage, j’ai nommé le camp des Coast Guards à l’entrainement, de ceux qui partent gonflés à bloc au casse pipe pour nous protéger, il ne faut pas l’oublier avant de faire de l’anti-militarisme primaire, au son de ce hahannement galvanisateur de troupes si caractéristique et charismatique des films holywoodiens , Maestro Musique ! « Oh Oh Oh hohoho ho ho », bref pour le rendu musical rendez vous sur youtube avec la Metro Goldwyn Mayer car j’écris faux (tu l’as comprite celle là ?), entre le tchikatchikatchik aie aie aie et le Haka des All Blacks néo-zélandais,
Cet après midi, il fait beau , une petite brise de 10 nœuds une température de 27 degrés et 55% de taux d’humidité améliorent notre ordinaire. L’eau à 19 degrés ne fera pas notre bonheur d’autant plus que la couleur avenante n’y est pas.
Enfin n’oublions pas non plus ces petits bateaux à la coque jaune ou rouge plus ou moins maigrichonne sous laquelle se cachent de puissants moteurs : les US Tow boats, présents partout le long des côtes américaines. Ici point de SNCM pour remorquer mais un abonnement de l’ordre de 250 dollars annuels, assurance forfaitaire pour être remorqués, à n’importe quelle heure et n’importe quelle distance des eaux côtières, en cas de panne ou se voir remettre des pièces détachées pour réparer. Malheureusement cette prestation, accessible sur Internet, ne semble réservée qu’aux américains, canadiens et mexicains.
Pourquoi la SNCM ne ferait elle pas pareil ? Voilà qui assurerait la pérennité de leurs finances ! D’un autre côté je vois tout de suite la dérive qu’un français de la dictature de la fachosphère de la bien pensance en ferait immédiatement : un service de secours aux Sévilor des migrants en méditerranée, Rima et Greta se relayant jour et nuit au volant de ces tow boats, mais seulement quand il y a des caméras, faut quand même pas pousser ! tout en conspuant les sales profiteurs de riches de ne pas les rémunérer pour leur courage rebelle , et assurer ainsi une plus grande justice sociale et fiscale. Ahhhh ! ceci étant dit, ça va beaucoup mieux !