Samedi 28 Octobre 2023
Au matin du 2eme jour le vent est toujours à 12,9 nœuds et vient du Nord Est. Une longue houle de 2 mètres de haut, plus longue que les sanglots longs des violons, donne le tempo d’une samba lascive. Nous remontons le Code D et Grand voile 2 ris pour le rouler 5mn plus tard et resolliciter notre japonais de service.
Les 20 tonnes de base du catamaran plus les nombreux trucs en verre pleins d’un liquide rouge ou d’un liquide rosé (non M’sieur l’agent j’vous jur’ sais pas à quoi ça sert !) ne permettent pas de tirer profit du Zéphyr.
Bon bourrin de la mer il nous faut au moins 13 nœuds pour commencer à vraiment avancer en mettant les voiles.
Alors justement revoyons un peu les expressions :
- Mettre les voiles : Pour le moment j’comprends pas l’expression car cela ne sert à rien.
- Y’a du vent dans les voiles : pas toujours besoin d’Eole pour rouler et tanguer, une bonne houle sans vent suffit.
- Vendre du vent : ce que nous avons vendu à nos 2 équipiers ,Laura et Emile, pour les appâter alors que jusqu’à présent c’est plutôt Costa Croisières.
Le doux bruit des moteurs nous empêche de jouir sereinement de ce que la nature nous offre en zénitude. C’est Kankça s’arrête ?
Nous jouons à la Scopa, jeu de carte italien que nous a enseigné le Catamaran Mahoa et gracieusement offert par son capitaine Jean Pierre et sa fidèle Bosco Christine .
Vers les 20h30 nous voyons au loin une embarcation sans AIS que ne signale pas non plus le radar. Elle avance à toute vitesse vers nous en provenance de la côte Africaine située à 60 miles, passant au loin derrière le voilier Crescendo. L’adrénaline monte d’un cran à bord, nous sommes tous sur le qui vive et je vais prendre 3 couteaux de cuisine et une paire de ciseaux que je laisse à portée de main. Nous appelons le voilier Crescendo à la VHF histoire de savoir ce qu’il a pu observer, mais ils devaient soit regarder Netflix, soit être à l’apéro, car il semble qu’ils n’aient rien remarquer.
Puis nous voyons l’embarcation passer derrière nous larguant des lumières bleutées. Les supputations vont bon train : largage de sondes d’observations de la faune sous marine ? largage de balises pour des exercices de sous marins ? largage de sacs de drogue à récupérer par un bateau canarien ? Nous ne le saurons jamais . L’important c’est que ce Truc Flottant Non Identifié se soit éloigné. La pression retombe à bord, nous allons nous coucher, après avoir dégusté une moussaka façonnée par les blanches mains de Laura et Catherine,
Nous commençons nos quarts de veille toujours sous une pleine lune qui nous permet de voir comme en plein jour.
Puis nous frôlons l’incident diplomatique, un procès en exploitation humaine. En effet Laura exécute un quart de 4 heures au lieu de 3, et la faute à qui ? la faute à quoi ? …. Au changement d’heure….. Stéphane se fiant à son Iphone a cru se réveiller à 6H30 (ancienne heure) alors qu’il était 7H30 (ancienne heure), laissant Laura face à sa solitude nocturne 1h00 de plus. Bon là je sens qu’il y en a qui vont prendre papier et crayon pour comprendre le phénomène ! Après enquête auprès de la flotte, il n’y a pas que chez nous que ceci est arrivé. Errare Humanum Est.