Samedi 27 Janvier 2024
Nous quittons le parking à bateaux pour monter à la capitale….. de Saint Thomas, j’ai nommé Charlotte Amalie.
En chemin nous longeons des collines mitées par des constructions R+4 à R+6 parsemées aléatoirement ça et là sans aucun souci d’esthétisme et qui rivalisent de laideur tant en architecture qu’en mélanges de couleurs. Il n’y en pas une pour rattraper l’autre. Du jaune urine jouxte du orange vif et du bleu pisseux qui lui-même siège à côté d’un vert délavé et d’un rose passé comme les robes à froufrou de très bon goût de bal de fin d’année des films américains. C’est hideux, il n’y a aucun mot pour décrire ces horreurs. C’est collectif, c’est fonctionnel, cela doit être cela l’essentiel. Très très peu de villas particulières.
Nous ancrons dans la baie de Charlotte Amalie et allons nous arrimer au dinghy dock sur tribord de la baie. Nos nous jetons sur un hamburger maison ambiance saloon purement américaine, attablés au bar, drapeau étoilé au plafond, cuves rutilantes de la brasserie maison visible derrière les vitres, ça sent le terroir, ça sent le cow boy (même si aucun chapeau texan, aucune santiag ni aucun éperon ne viennent confirmer l’impression générale). Le personnel est souriant et serviable, nous n’en revenons pas. Le cheeseburger à la sauce barbecue supplément bacon et œuf est absolument divin. Cela ne renifle pas du tout la tambouille à touristes malgré la présence au quai tout à côté d’un croisiériste monstrueux le Norwegian Viva.
Nous allons faire un peu de réapprovisionnement car il faut tenir jusqu’à la République Dominicaine et non plus Porto Rico que nous ne devrions aborder que sous un regard ilien et non en immersion urbaine. Nous pensons devoir exploser le budget dans un supermarché mais si certes les prix ne sont pas cadeaux, c’est moins pire qu’attendu. Il faut juste éviter ce qui fâche notamment les produits laitiers – tous les fromages de 150 gr même pas français sont à 11 US dollars, un seul yaourt est à 3 dollars- quant aux viandes rouges , le moindre bout de côte de bœuf est à 50 dollars le Kg – la viande hachée 20% de gras est à 22 dollars le kilo . Le porc est abordable, les jambons cuits même de dinde sont inexistants , la charcuterie italienne au triple des prix de Syracuse, je cherche encore un poulet entier et les cuisses de poulet sous blister sont boostées à l’hélium et j’ai peur qu’elles se noient à la cuisson dans l’eau aux hormones qu’elles vont certainement rejeter.
Côté fruits et légumes, cela dépend de ce que l’on prend. Le kg de pommes de terre est à 4 dollars ainsi que les carottes, les pommes, les poires et les oranges. La laitue iceberg en revanche est à 7 dollars. Cherche pas à comprendre Charles. Je prends juste de quoi tenir sans excès. Je dis encore merci d’avoir trouvé ma chariotte déambulateur qui me permet de faire des courses sereinement sans soupeser du regard toute addition de grammes dans le panier.
En reprenant le dinghy nous longeons un très beau voilier couleur bleu marine et bois d’ébène rutilant à l’ancienne de 127 mètres de long avec une sirène en bois à la proue. Nous relevons le nom, moi je ne relève rien car je ne lis pas assez le gala de la mer qui s’appelle Voiles et Voiliers mais Captain toujours au fait de l’actualité nautique People me signale que nous sommes devant le Koru, bon toi non plus cela ne te parle pas ? eh bien c’est celui de notre fournisseur préféré, celui à qui l’on demande n’importe quoi pour être livré gratuitement sous 48 heures à condition d’avoir réglé sa cotisation annuelle de 69,90 euros. Cela ne te parle toujours pas ? t’es désespérant ! mais tu vis où ? sur le plateau du Larzac ou quoi ? Bon je te donne l’oreille au chien : il s’agit du bateau de Jeffy neunoeil, le divorcé à la maîtresse Latino parée à hauteur du torse d’une forte intelligence (bref, tu vois aussi de quoi je parle). J’entends déjà les commentaires qui me traitent de jalouse, alors je vous arrête tout de suite : si pour avoir le droit de jouir d’un tel bateau, le partage de la couche de Jeffy fait partie du package je préfère prendre tout de suite le dinghy de service qui me sera amplement suffisant.
En sus du Koru tout à côté est amarré le Abeona, yacht à moteur de 75 mètres qui est le bateau pour les jouets de Jeffy dont 3 vedettes sur le pont servent d’annexes , quelques jet-skis visibles et un héliport – un garage à hélicoptère figurerait également à l’inventaire de Abeona. Quand on aime, on ne compte pas, c’est bien connu !
Nous sommes une cinquantaine de bateaux dans la baie mais que des américains et principalement des charters attendant leurs clients. Notre catadrôle fait ridicule à côté des autres. Ce qui est frappant c’est qu’il ne semble de pas y avoir grand monde dans la ville alors que nous sommes Samedi et le touriste semble se faire rare. Il est certainement disséminé dans les Holiday resorts all inclusive des îles alentours. Cependant Saint Thomas est très habité et à la nuit tombée toute la colline brille des lumières de l’urbanisation, plus denses encore qu’un ciel étoilé un soir de 15 Août.
Sur le rivage à environ 500 mètres de notre ancrage un chapiteau beugle depuis plusieurs heures du ET Boum Et Boum Et Boum insoutenable comme si j’étais à côté de la sono (je rappelle que l’eau porte éNORmément) . Nous rentrons à l’intérieur du carré les nerfs à fleur de peau. Quelle différence avec le dernier mois écoulé, on entend le magma de notes de musique , la circulation, le décollage des avions. Cékankonva dans un mouillage à la Robinson Crusoé ? car moi j’ai pris l’option immersion silence et solitude.
