Mercredi 9 et Jeudi 10 Août 2023
JOUR 1
Nous partons sur le coup des 7H00 du matin, les yeux brouillés, et c’est parti pour 30 heures non stop en prévision, soit près de 180 Miles.
Stéphane aperçoit 3 dauphins, j’aperçois une tortue, nous croisons 4 cargos et 2 pêcheurs, mais point de migrants. En revanche la VHF 16 est saturée d’appels lorsque nous passons au Nord de Lampedusa , ça y va, c’est non stop : donnez votre position, combien de migrants au total, combien d’enfants, combien de femmes ? l’embarcation est elle rigide ? Est elle à l’arrêt ou en mouvement ? D’ailleurs dès qu’ils sont spotés, comme par hasard, l‘embarcation prend l’eau et s’enfonce il y a urgence absolue !!!!Les autorités ne font que cela répondre à ces appels.
Nous nous relayons toutes les 3 heures pendant la nuit. C’est assez dur jusqu’à 1h00 du matin car il fait nuit d’encre, je ne vois strictement rien et après avoir regardé les étoiles, on a toujours l’impression d’apercevoir des lueurs sur la ligne d’horizon (rémanence rétinienne parait-il), ce qui est un peu angoissant dans cette zone puisque nous ne sommes pas à l’abri d’embarcations sans AIS (go fast ou migrants ou pêcheurs voire une plateforme fantôme). D’ailleurs en sus des AIS nous mettons aussi en route le radar. De ce fait ce n’est pas de tout repos car sans arrêt sur le qui vive à regarder autour de nous ou surveiller les écrans. J’ai même eu droit à une lumière vive intermittente et inexplicable : c’était le phare des avions en approche avant l’alignement dans l’axe de l’aéroport de Hammamet ! Et ça, pas facile à deviner !
A 1h00 une portion de lune s’est levée, mais je suis partie me coucher avant de reprendre le quart de 4h00.
Nous passons 80% de la journée au moteur, pas ou peu de vent sans bon angle, et 50% de la nuit sous voile avec quelques pointes rares à 6,5 Nœuds.
JOUR 2
Nous apercevons enfin les côtes tunisiennes et Hammamet : un chapelet d’immeubles le long du littoral sur des kilomètres. Bon, d’un autre côté, je n’en attendais pas moins.
Et c’est à 13h00 que nous nous amarrons au ponton d’accueil du port pour les formalités douanières.
Un grand moment….. il faut savoir calme garder…… C’est Céline et ses ronds de cuir. Pas moins d’une heure pour la police des frontières, prise de photos avec comparaison biométrique avec le passeport, remplissage de papiers en 8 exemplaires ( je ne plaisante pas je les ai comptés), prise des empreintes, interrogatoire d’où vous venez, vous restez combien de temps, et où, et vous irez où après, et vous avez un drone ?(car c’est interdit en Tunisie), puis on va à la douane et rebelote mais pas dix de der, et redemande de copies des passeports , des papiers du bateau, de l’assurance du bateau (copies déjà demandées par la police des frontières) , déclaration des objets d’importance à bord et enfin visite du bateau par la douane et la police des frontières pour voir les articles à bord, dont nous pourrions être amenés à faire commerce sans payer des droits de douane d’importation ! au passage les douaniers nous demandent sans vergogne un petit cadeau, et enfin, passage à la capitainerie pour s’enregistrer (présentation des papiers du bateau et de l’assurance) .
Nous nous alignons ensuite au quai de la pompe pour faire le plein d’essence au milieu de jets skis tonitruants conduits par des zyva tout droit arrivés de Saint Denis, Saint Ouen , Clichy sous bois et j’en passe venant fièrement dépenser leurs euros durement (hum hum…) gagnés dans les cités, et de 4 bateaux pirates …… tada tada tada … qui font quoi … hein ?…. qui hurlent de la musique à tout va (et pas de l’européenne en plus) , et un navire de travail, klaxon à fond, qui rentre dans le port.
Pendant que nous accomplissions nos formalités, nous avons largement eu le temps de voir les 4 bateaux pirate se remplir d’une foule compacte et braillante, et je dois le dire, à 90% voilée des pieds à la tête, pas que foulardée (les non voilées sont l’exception) . Moi en T shirt et short je crevais de chaud, j’aime autant vous dire que je n’aurais pas aimé être à leur place (ça tombe bien, je n’y suis pas), et je regrette de n’avoir pas eu l’occasion d’assister à la pause baignade pirates , car je me demande si elles avaient l’autorisation de se baigner et dans quelle tenue. Après la Turquie cela est vraiment surprenant. 1 religion, 2 interprétations. A moins que ce ne soient que les femmes des zyva torse nu en jet ski de Saint Denis, elles aussi tout droit débarquées de nos banlieues (allez je balance les coins chics de Nice parce que il n’y a pas que la Capitale : Les Moulins – l’Ariane – Bon Voyage – Saint Roch – Les Liserons – Riquier etc) . De toute façon, je n’ai rien à dire, c’est leur pays, c’est leur culture, c’est leur acceptation.
A 17h30 nous sommes à poste sur notre ponton . Ouf ! Repos mérité.
Soyons honnêtes, la Tunisie nous a attirés pour le prix de son essence, pour le reste cela ne me fait pas envie. Nous n’allons pas nous éterniser. De toute façon je crois que je ne pourrai pas trouver de côtes de porc.
Gasoil : 0,65 euros le litre versus 1,28 à Malte et plus de 2 euros en France, cherchez l’erreur et ce n’est qu’une rallonge de 80 miles par rapport à Malte – Sardaigne direct, fallait donc pas se gêner, mais je m’en serais bien passé.
Hors de question d’aller visiter les souks, la Kasbah ou la Medina, tout est touristiqué à donf’, les prix aussi. Et non! je n’achèterai pas de babouches ni de djellaba en souvenir ! .
Nota : personne sur l’eau, visiblement ce côté ci de la Tunisie c’est pour les hôtels avec leur piscine et les plages, ce n’est pas pour la voile, ni les moteurs d’ailleurs, sauf les jet ski et les bateaux pirates, au fait la fête à neuneu c’est par où ?