Dimanche 6 Aout 2023
Hier soir nous avons diné dans le bateau, le vent était frais.
Aujourd’hui le vent souffle toujours, nous partons visiter un bout de l’Ile.
Direction donc Mdina et Rabat, non, non , ne vous y trompez pas, nous ne sommes pas à la Médina de Rabat au Maroc, je n’y peux rien si les noms sont trompeurs.
L’île principale de Malte (car Malte est constituée de 5 îles plus ou moins grandes ou microscopiques) ne fait que 27 km de long sur 15 de large. Donc s’aventurer au centre de Malte n’est pas un bien grand exploit puisqu’il ne coûte que 10/15 mn en Taxi .
Mdina était l’ancienne capitale de Malte avant l’arrivée de l’Ordre. Aujourd’hui c’est une toute petite ville piétonne ceinte de remparts, très bien restaurée, perchée en haut d’une colline vue stratégique à 360 degrés, toute de maisons en très vielles pierres beige/jaune accolées sur 6 à 7 petites rues. On regrettera toutefois que la ville soit une ville musée puisque, en ce Dimanche, nous ne voyons pas un volet ouvert dans ces si belles petites maisons, malgré quelques voitures de résidents garées. Quelques touristes du MSC croisière Divina dans les rues (le même que celui aperçu à Syracuse : le Samedi c’est Syracuse, le Dimanche c’est la Valette, et le Lundi c’est raviolis – pour cinéphile éclairé -. Donc quelques touristes mais point trop. Les quelques restaurants semblent fermés et point de marchands du temple.
Nous poursuivons dans la petite ville à 500 mètres, du nom de Rabat. Ici on visite la Cathédrale St Paul : des ors , de la magnificence, de la splendeur, et l’on déplore encore l’absence de modestie. Puis nous nous dirigeons vers la grotte de St Paul : une grotte bétonnée avec 2 autels et une statue, pas de quoi flageller un chrétien.
Et enfin les catacombes. Nous nous enfonçons dans les entrailles de la terre, vers d’étroits couloirs où des dizaines d’alcôves, de part et d’autre, si petites que seules 3 personnes assises peuvent s’y tenir, ont servi de refuge pendant la 2eme guerre mondiale. Puis les boyaux se resserrent , il nous faut baisser la tête, passer presque de profil et sinuer dans des labyrinthes dont par essence nous n’apercevons pas la fin. Les catacombes, cela se mérite.
C’est alors que mon front se couvre de sueur, que le sang coule glacé dans mes veines, la lymphe descend dans les baskets, la respiration se fait de plus en plus courte, l’air manque et le vertige arrive. La panique va bientôt se convertir en hystérie….. Des catacombes je n’ai rien vu , nous avons fait demi tour et mon irraisonnable claustrophobie a privé Stéphane des crânes millénaires. Tel le bouchon qui sort de l’eau, j’ai jailli des entrailles suffocantes.
Sinon Rabat est une toute petite petite ville sans autre intérêt que ces 3 sites. 3 cafés snacks une petite supérette et 1 agence HSBC. C’est dire.
Au retour nous nous faisons déposer en taxi sur l’une des 3 cités et nous cheminons au hasard des ruelles de Vittoriosa et de Birgu . Nous admirons ces maisons si typiques et plus ou moins délabrées aux bow windows colorés. Nous montons en haut du fort Saint Ange pour admirer l’une des baies saturées de voiliers et autres petites embarcations . Le MSC Divina bouche en grande partie une des rives des bras de mer et renforce cette impression de monstruosité menaçante au coeur de la ville.
Là encore, personne, même pas quelques touristes égarés, nous sommes seuls dans les ruelles silencieuses. Les voitures sont garées mais rares sont celles qui passent, les volets sont fermés , les bruits de vaisselle très rares. Que se passe t il ? les 3 cités sont elles des villes fantômes ? De l’autre côté des fortifications, des immeubles de 4 à 5 étages défigurent le paysage, pauvres blocs rectangulaires sans âme, empilés et compressés les uns sur les autres . Où est passée l’âme de Malte ? A moi chevaliers et Godefroy de Montmirail, ils ont volé ton charme.
Le plus surprenant est que nous ne voyons aucune supérette, aucun boucher, aucun boulanger dans ces vieilles rues, et à peine 2 ou 3 cafés. La ville semble morte. Des statues très colorées de saints parsèment les trottoirs.
Au retour, le taxi nous explique que Malte est en train de changer. L’île était accueillante et paisible, y régnait une certaine douceur de vivre et une vie simple et peu onéreuse. Mais la population vieillissait alors le gouvernement, corrompu d’après ses dires, a fait venir de la main d’ouvre étrangère en majorité indienne, pakistanaise et philippine (ce que nous avions déjà largement observé), même les soins hospitaliers ne sont plus dispensés que par des spécialistes qui ne parlent même pas l’anglais, les prix ont énormément augmenté et il devient difficile de supporter le coût de la nourriture (pas ou très peu d’agriculture ici) et des loyers. Les soins et opérations basiques restent cependant gratuits mais certaines spécialités sont payantes (un pédiatre coûte 30 euros non remboursés) . Il a donc décidé de partir pour l’Italie, pays dont Malte se sent très proche paraît il car l’Italie a toujours répondu présent quand Malte était en difficulté. Pour corroborer ces dires, on lit sur Internet, lequel dit toujours la vérité, n’est ce pas, que l’île pourrait bientôt passer de 500 000 à plus de 800 000 habitants d’ici 2050. Et d’après Les Echos, le nombre d’étrangers à Malte a été multiplié par 5 en dix ans, dopant ainsi la croissance tout en densifiant les villes.
Nous rentrons au bateau (en lambeaux pour ma part , mes reins ont dû porter 500 kilos je pense) après un peu plus de 7 km d’errance, les voyages forment la jeunesse, mais ils accélèrent aussi la vieillesse. C’est plus de mon âge tout cela !
Dîner au bateau à l’intérieur il fait frais, le vent souffle, les resto sont en majorité fermés le Dimanche soir.