Jeudi 12 et Vendredi 13 Octobre 2023.
JOUR 1
Cap au 255 degrés.
Heureux comme des voileux rencontrant Eole, nous hissons les voiles dès la sortie du port. Il y a 15 noeuds de vent que nous prenons par le 66 degrés , ce qui est une allure favorable pour notre catarigolo. Nous faisons du 7 à 8 nœuds . Quel pied ! Si cela continue comme cela nous arriverons avant l’aube !!! La mer est quand même d’un beau roulis et il fait très frais, le pantalon et la veste de quart sont de rigueur.
Tout est prêt, j’ai cuisiné le diner avant de partir. Un cake aux aubergines nous attend
Nuit 1
Vers 22 heures pendant mon quart le vent tombe et devient fou, l’aiguille d’Eole fait des tours de cadran en 2 secondes et en même temps des lumières clignotent de partout au loin ou près … , va savoir, comme un filin tendu sur plusieurs kilomètres ou comme les balises clignotantes d’une piste d’atterrissage. Je branche le radar : rien ! Mais c’est quoi ce truc de fou ? de quoi avoir des montées d’adrénaline. Je ne veux pas réveiller le Captain car lui aussi a droit à recharger ses batteries. Allez ma grande tu vas gérer. Je mets les moteurs en route, roule l’italien qui ne sert plus à rien et borde à donf’la grand voile qui commence à battre la chamade . Je passe à travers les quilles, en esquivant 5 degrés par ci, 5 degrés par là, pour éviter ce TFNI Truc Flottant Non Identifié. Ouf ! ça ! c’est fait ! Catherine : 1 – TFNI : 0.
Pendant 1 heure la bôme, même avec la grand voile bien bordée, part un coup à droite, un coup à gauche avec cette houle qui nous accompagne depuis le départ, mettant le matériel à rude épreuve. Là, pas à tergiverser, il faut l’affaler sinon on va abîmer le matériel et cela devient une question de sécurité maintenant, mais il faut être 2 pour le faire de nuit sur le pont instable du roulis. Je réveille donc Captain et c’est sous les projecteurs que Stéphane ferle la grand voile et la renvoie à sa niche dans le Lazy Bag, et la nuit reprend son cours au moteur, toute la toile à l‘abri. Pas une voile à l’horizon pas un porte containers, rien, juste la nuit noire depuis. Nous reprenons le roulement des 3 heures de quart. La nuit est chaude et moite. Pas le moindre animal en vue…..sauf les mouches qui collent ……..impossible de s’en débarrasser, le RAID ne tue pas raide, la raquette électrique n’a pas la vélocité suffisante, non, la seule arme fatale N°1 (et je vais en acheter jusqu’à l’Arme Fatale N°4 – pour cinéphiles avertis) est la tapette dont il faut connaître le mode d’emploi. Tu t’approches doucement, tu recourbes puisque c’est souple, et tu lâches et à la fin de l’envoi elle touche (pour Cyrano avertis) à tous les coups. Et tu en tires une certaine jouissance quand tu constates qu’elle vient de te pomper le sang cette saleté.
Jour 2
Houle. Grand Soleil . Chaleur. Zéro vent. Zéro navire.
15h30 petite variante, histoire de ne pas nous ennuyer : nous tombons en panne de pilote automatique (oui je sais 2eme fois cette saison, la dernière fois c’était à Syracuse) et comme nous ne sommes pas le 1er Avril il faut le prendre au sérieux, ce n’est pas une plaisanterie de mauvais goût de Garmin. Le pilote ne donne plus d’ordre à la barre qui ne bouge pas d’un poil donc le cata ne garde pas le cap au gré des vagues.
En conséquence nous décidons de changer notre destination : cap droit sur Arrecife au Sud Est de Lanzarote au lieu de Graciosa au Nord, en vue d’une réparation aussi rapide que possible …… si nous arrivons à contacter un revendeur (et évidemment demain c’est week end !!!) .
En perspective, chouette alors, les 16 prochaines heures les yeux rivés sur le compas pour garder le cap à la main !!! pas fatigant du tout nooooon !!!! Surtout de nuit pour les 2/3 !! Je pense que nous nous relaierons toutes les heures en restant assis l’un à côté de l’autre au poste de barre, l’autre sommeillant comme il peut. Arrivée prévue vers 7h00 du matin.
18h00 un petit 15 nœuds de vent nous permet de sortir le génois, nous n’osons pas la grand voile car la nuit va vite arriver et comme il y a de la houle, nous ne souhaitons pas refaire le coup de la nuit passée à affaler de nuit et sans pilote. Du coup avec le seul génois on repasse sous les 5 nœuds et on reprend perpète sur l’heure d’arrivée. Le calvaire de la navigation à vue nous indique encore 17H00 à ce rythme là soit une arrivée sur le coup des 13h00 . Mais cela fait du bien de ne plus entendre le moteur.
NUIT 2
A 22h00 nous repassons au régime japonais et de ce fait arrivée plus tôt que prévue toujours au moteur . On ne s’ennuie pas en bateau ! Nous nous sommes relayés toutes les 2 heures en dormant dans le carré pour être plus opérationnel en cas de besoin (dans les 2 sens du terme, eh oui ! pour aller se soulager, pour rouler le génois, pour aller prendre un pull, il faut que l’autre prenne la barre! Tout devient problématique).
A 8H30 nous sommes devant le port de Lanzarote. A 10H30 le plein d’essence fait, le bateau amarré et les formalités de port OK. Comme prévu le chantier naval est fermé on ne peut rien faire avant Lundi pour le pilote.
Petit déjeuner, douche et dodo.