Samedi 4 Novembre 2023
Tous les bateaux du rallye sont sur le même ponton flottant, chacun s’interpelle, demande comment cela s’est passé, constate des dégâts pour certains comme des lattes cassées, des génois déchirés ou des pièces métalliques à remplacer. La solidarité et l’entraide s’installe. C’est aussi pour cela que le rallye existe.
Le matin, approvisionner étant la priorité de tous les équipages, nous partons Christine, Laura, Patricia et moi à la découverte de la ville en vue du ravitaillement de Mardi prochain, tandis que Stéphane et Emile restent au bateau avec le réparateur du pilote.
Le Cap Vert serait le pays le plus évolué mais nous découvrons quand même un pays africain pauvre. L’eau provient d’une usine de dessalement mais les canalisations étant peu fiables même les locaux nous déconseillent de boire l’eau du robinet. Il nous faudra donc faire attention à ne pas prendre de glaçons dans les boissons.
Les rues ne sont pas en terre battue mais en petits pavements. Les échoppes sont microscopiques et sombres et ne font pas envie, les trottoirs sont occupés par des femmes vendant à même le sol dans des bassines en plastique des feuilles de salade, du chou, des tomates pas mûres, des petits oignons et quelques oranges, des courges butternut, des racines s’apparentant au manioc, des patates douces, quelques pommes de terre, mais aussi du thon et autres poissons entiers ou découpés « frais » sans la moindre trace de glace à l’horizon et des poissons séchés et salés.
Nous nous dirigeons vers le marché aux poissons, une halle couverte qui se situe juste au bord de la plage. On y trouve sur des étals en inox, à hauteur de taille cette fois, des poissons entiers frais ou séchés salés, sans lit de glace non plus ! Les thons rouges entiers sont légion, de toutes tailles, certains jusqu’à 20kg. Il y a aussi des homards et des cigales qui ne semble pas frétiller de la queue, la tête dans un sceau, des rougets, des dorades peut être, et 4 ou 5 autres espèces qui semblent alléchantes mais sur lesquelles il est difficile de mettre un nom. A côté il y a l’atelier de découpe vers lequel se dirigent les clients une fois leur poisson acheté, pour le faire débiter en darnes ou filets , avec ou sans la tête et la queue. Les clients sont nombreux. Une cap verdienne vivant en France, qui achetait par là, nous entend et nous aide à comprendre comment cela marche, fière de son pays mais aussi fière de vivre en France.
J’ai envisagé un instant organiser un barbecue de thon et de homard à partager avec les copains rallye mais l’équipage Ile de Rey a refusé en bloc craignant une intoxication alimentaire. Pourtant les poissons me semblaient avoir bon œil.
Nous passons ensuite au marché aux fruits et légumes également sous une halle couverte. Peu de diversité d’un stand à l’autre et peu de diversité de choix. Ce seront tomates pas mûres, gros concombres courts, courgettes, courges butternut, pommes de terre, choux blancs, patates douces et avocats, mais surtout haricots blancs secs et grains de maïs secs. Quant aux herbes, impossible d’en reconnaitre la senteur et le mode d’emploi.
Pour les fruits ce sera plus restreint, quelques papayes et mangues pour les premiers jours, car je n’en connais pas la longévité, puis des oranges et des pommes. Il y a parait il des fruits de la passion mais je ne les ai pas encore trouvés.
Nous passons ensuite aux petites échoppes sombres des épiciers. Quelques surgelés dont nous doutons qu’ils aient réussi les tests de la chaine du froid. Des yaourts longue conservation dans les rayons non réfrigérés, de même pour la margarine . Il me faudra encore découvrir la cachette du beurre. Nous passons rapidement notre chemin au rayon boucherie passant au large de la viande noire – pas encore décongelée ? ou à très très longue maturation ?- nous ne chercherons pas à le savoir.
En revanche le rayon biscuits et bonbons est loin d’être anémique.
Pour le reste de la « ville », des échoppes de quincaillerie à la vitrine sombre et poussiéreuse, exposant 2 ou 3 ferrures et 3 poignées, un barbier vers lequel je n’enverrais pas mon pire ennemi (quoi que! J’ai quelques noms en tête !), et des « galeries d’art » arrières cours et ateliers crado sombres façon garages, où se battent en duel des tableaux colorés et simplistes que même un enfant de primaire pourrait réaliser.
Le Cap vert revendique et célèbre son artiste internationale (que je ne connaissais pas – scuzi – car ce type de musique n’est pas ma tasse de thé) : la chanteuse Cesaria Evora.
Nous abusons de Mahoa à bord duquel nous trinquons T-punch sur T-punch avec Jean Pierre, Christine, Patricia et surtout « l’abbé » Benoit sans lequel les T-Punch ne se feraient pas ; ainsi que tous les équipiers voisins de Mahoa de passage derrière la poupe sur le quai, enfin ceux que nous jugeons trinquables ! et en la matière nous sommes assez sélectifs !
Nous sommes Samedi soir et le pilote n’est toujours pas réparé ! Gilson n’a pas pu revenir dans l’après midi car il a chargé une mise à jour du Garmin pendant 2heures mais son copain a cassé la clé USB sur laquelle il l’avait stockée (mise à jour dont il n’avait pas besoin d’ailleurs car nous l’avions déjà), sa voiture est tombée en panne, et nous soupçonnons également que sa grand-mère d’être décédée pour la 4ème fois ! Schrogneugneu de Schrogneugneu ! je commence à détester ce coin paumé ! « No stress » est la devise du Cap Vert ! Tout à fait mon style ! Lundi c’est promis, Gilson s’occupe exclusivement de nous dès la première heure et ne quittera pas le bateau avant que la réparation soit effective et demain Dimanche il ne travaille pas.