Jeudi 4 Avril 2024
Ca clapote, ca clapote encore ce matin. Qu’à cela ne tienne cela fait trop longtemps que je n’ai pas nagé et me voilà partie, palmes, masque de la marque bien connue du Nord (que je ne cite pas car elle ne m’a encore jamais rien réglé pour mes petits coups de pouce, peut-être horrifiée par mes prises de positions politiques pas assez tranchées, lues par un lectorat d’environ 5 personnes assidues), et, bien sûr, jamais sans ma frite. Le vent n’est pas trop fort , les vaguelettes assez énervantes pour qui est au ras de l’eau. Visite de la grotte (enfin un trou dans la toute petite colline / falaise/ monticule) au ciel percé de 2 ouvertures d’où l’on peut apercevoir de la végétation. Puis je m’aventure le long de la côte et dépasse la plage en direction du piano et de la sirène immergés qui doivent être à environ 500 mètres.
Tout à coup je trouve que j’avance un peu vite, m’arrête de palmer et vois défiler le paysage sous marin sous mon corps de presque naïade. Serais je emportée par le courant ? Je fais donc demi tour pour m’apercevoir que je ne peux absolument pas lutter contre le courant et que je continue de dériver, sans aucun butoir possible devant moi. Je dois être à 1 km du bateau. Que faire ? La seule solution est d’essayer de toucher au plus vite la côte et m’accrocher à toute aspérité qui voudra bien de moi. Après un effort qui dépasse ma capacité pulmonaire j’arrive à m’agripper à un petit pic de lave du bout de 3 doigts et oh! Miracle ! je trouve aussi un appui certes étroit mais efficace sous me pieds qui me permet tout juste de tenir debout. Comme je suis chaussée de mes palmes, je n’ai pas peur de marcher sur un oursin ou de me faire autrement mal. Je reprends ma respiration, tiens mon masque entre les dents et brandis fermement ma frite de la main restée libre. Masque et frite deviennent mes accessoires de survie, je suis tétanisée à l’idée de les perdre. Je m’escrime pendant 15 minutes à faire de grands gestes de ma frite pour que Stéphane ou un des 3 AMIS me repèrent au loin. Mais en vain ! Passe alors un bateau rapide promène couillons qui comprend immédiatement la situation et sillonne immédiatement à mon secours me lançant un bout pour me tracter hors des rochers et me permettre de monter à son bord. Je suis accueillie sous les hourrah d’une dizaine de jeunes de Détroit et 2 bahamiens. A l’heure où je vous écris je dois être célèbre dans tout le Michigan et dans toutes les Exumas. Je ne les remercierai jamais assez.
Le bateau prend la direction de notre catamaran, et, en chemin, nous croisons Stéphane parti lentement à ma recherche en annexe et ne m’aurait jamais vu faire de grands signes car trop loin et dans le soleil. Il a quand même pris le temps de s’occuper du paddle qui se dégonflait alors qu’il venait de mettre l’annexe à l’eau. J’aurais pu dériver sur des kilomètres sans qu’il songe à me chercher à plus de 500 mètres du bateau. Entre sa femme et le paddle il a choisi !
Sur le coup cela a été mais j’ai passé ensuite une mauvaise nuit. Le contre coup certainement car je me suis rendu compte que je surestimais mes capacités aquatiques et m’étais montrée très imprudente. Tout est bien qui finit bien, il faut passer à autre chose et remonter immédiatement en selle avant de de rester sur ce que je considère comme un échec personnel.
Nous avons ensuite levé l’ancre pour nous rendre plus au Nord. Navigation idéale, magique. Vent de 15 nœuds par le 90, mer plate, nous filons entre 7 et 8 nœuds sous grand voile et génois, c’est orgasmique ! D’ailleurs bon nombre de navires ne s’y sont pas trompés, il y a de la voile sur l’eau.
Nous touchons donc assez vite (Oh ! il faut déjà s’arrêter ? a-t-on envie de crier) Staniel Cay et son dédale de petits ilets et rochers qu’il nous faut contourner. D’un côté d’un ilet mer plate, à la pointe de l’îlet un courant bouillonnant de pas moins de 2 noeuds (on se croirait dans le golfe du Morbihan) et de l’autre côté de l’ilet une mer très perturbée. Tout mouillage réside donc dans le bon choix du côté des ilets quant à la protection des vents et des courants.
Nous allons faire un petit tour en Dinghy à la micro marina accueillant quelques yachts de taille supérieure à notre compte en banque. Autour de celle-ci un resort sympa, façon village, d’une dizaine de bungalows octogonaux en bois avec terrasses et 1 bar restaurant dans lequel tous les vacanciers doivent se trouver tant il est bondé, musique à fond, bière sur les tables et conversations aux accents de Donald Duck (coin coin) . Les plats du déjeuner (salades, pizza, ou hamburgers) sont à 20 dollars plus 12% de TVA plus 15% de service. Les plats du dîner sont à 50 dollars + 12% plus 15%. Pas de doute, nous sommes en terre conquise américaine. Les requins nourrices pullulent dans le petit port ondulant nonchalamment de leur longue queue.
Dépôt de nos poubelles – ouf il y a un emplacement balisé – car les poubelles sont un vrai problème à bord sauf à se comporter en gougnafier de la mer ce que tout bon amoureux de la voile se refuse à faire – nous ne nous autorisons que les déchets végétaux au large.
Petit verre de vin à bord de Mahoa et chacun chez soi pour le diner.
PS : Le paddle a les thermo-soudures qui ont lâché. J’ai bien peur de ne plus avoir de voiture personnelle pour la suite de nos aventures. C’était aussi notre moyen de dépannage de l’ancre quand elle se croquait au relevage !!! cf récits précédents.