Southport – Wrightville, Caroline du Nord (NC) – USA

 

Dimanche 1er Juin  2025 

Départ prévu à 7h00. Il fait frais, 23 degrés, super ! , une petite laine n’est pas de trop, soleil, pas de vagues, pas de vent non plus, dommage, ce sera certainement moteur, tant pis !

C’était sans compter sur les ennemis jurés des bateaux, ceux par qui arrivent les grains de sel, que, par définition, tu n’avais pas prévus et te mettent de bonne humeur tôt le matin.

Mais qui peuvent bien être ces ennemis jurés ? Eh bien, tout ce qui traîne au fond de l’eau  et n’étaient pas prévus au programme : les cadavres (euh là t’emballe pas, tu lis trop de polars Ginette !), les machines à laver, les bicyclettes, les trotinettes, les pneus – ça c’est le catalogue de la Seine à Paris ou des calanques de Marseille – pour ce qui est de Southport Caroline du Nord, ce sera un câble électrique, gros comme le bras, sectionné et abandonné au fond de l’eau près de la plage où nous avons mouillé. 

Pas étonnant que le guindeau peinait à remonter la chaîne et l’ancre jusqu’à faire sauter le fusible. En insistant un peu, quelle n’a pas été notre surprise de constater que sous le coup de la marée et des courants qui ont fait tourner et retourner le cata autour de son ancre, notre chaîne s’est retrouvée totalement emmêlée autour d’un énorme câble d’acier d’au moins 30 brins torsadés. Un vrai sac de noeuds ! Imagine ta chaînette de baptême complètement emmêlée dans des cheveux crêpus puissance 10 !

Mais alors comment s’en sortir ? impossible d’alléger la tension sur la chaîne pour détortillonner tout cela avec plus de 50 kg tressés autour des maillons dans une savante coiffure que même les afro-coiffeurs  du 10ème arrondissement ne sauraient désemberlificoter; sans ajouter le courant contribuant fortement à alourdir la tension.

Plusieurs possibilités :

  • appeler des dépanneurs à la rescousse – un Dimanche ? et qui ? et où ? sur la rive droite que des villas et une petite marina pour amateurs non éclairés
  • scier la chaîne et la laisser au fond de l’eau avec l’ancre, obérant de ce fait toute notre future épopée nautique
  • scier le câble pour essayer d’en détacher un bout, alléger le poids et la tension sur la chaîne et résoudre ce casse-tête chinois

Avec une meuleuse miniature portative tout droit sortie d’une pochette surprise dont il faut recharger la pile toutes les 10 minutes,  une scie à métaux pour nains de jardin (certainement trouvée dans un jouet mécano pour enfants de 4 à 7 ans) , un dinghy attaché à la proue du cata pour pouvoir opérer, une suée « kôlozâle », des moments de découragement, de l’huile de coude et la persévérance du capitaine, celui-ci a brillamment réussi à nous sortir de ce bourbier effroyable en adoptant la troisième méthode, tout en essayant d’éviter de scier en même temps un maillon de chaîne et se prendre des étincelles dans les yeux.  2h30 plus tard nous avons poussé un ouf de soulagement. La méthode a marché mais non sans mal et non sans frayeur, le plus gros du câble est retombé à la niche qu’il n’aurait jamais dû quitter permettant de faire tourner ce qui en restait autour de la chaîne en sens inverse de l’arrivée des E….d.ments.

6h30 plus loin au moteur faute de vent, et 5 degrés de plus, nous voilà au mouillage devant Wrightville et nous ne sommes pas tout seuls. Des villas et petits immeubles, toujours en bois, avec pontons à profusion, des « mouches » (entendre de petits bateaux à moteur) sur l’eau en pagaille, d’où des vagues en veux tu en voilà , et des plages où s’ébrouent tous les autochtones du coin dans une eau marron mais à tendance plus verte que dans les mouillages précédents de notre périple. Nous sommes 4 embarcations ancrées dans ce « canal » de Venise à la mode US donc en plus large.

Tiens, le dinghy semble avoir un coup de mou, et comme les E…….s volent toujours en escadrille, les torons d’acier acérés du câble de ce matin ont percé le boudin qui est en train de dégonfler l’annexe, doucement mais surement. Nous voilà donc partis en dinghy à la plage pour repérer la fuite grâce à la technique de l’eau savonneuse, celle qui fait des bulles impies (non donc papales). Puis il va falloir réparer en s’accommodant de la mer qui monte ou descend sur la plage et les vagues des bateaux dans le chenal. Pour finir ce sera réparation l’annexe suspendue aux bossoirs.

La vie n’est vraiment pas simple pour les gitans de la mer ! ni pour les gitanes dont toutes les suggestions pour résoudre les problèmes ne sont ni écoutées ni suivies, voire ni entendues, tant les esgourdes  masculines dans ces situations dramatiques sont encore plus bouchées que d’habitude, et les suggestions forcément nulles, normal de la part d’une blonde ! soit belle et tais toi qu’il disait le macho ! mais n’oublie pas de pousser, tirer soulever, comme une forcenée ! Arghhhh ! Grhhhh !  J’ai bien mérité mon Ibuprofene !

 

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