Mercredi 1 Novembre 2023
Nous nous relayons toutes les heures pendant la journée. Toutes les 2 heures pendant la nuit. Piloter de jour est plus facile que de nuit, même à conditions de vent et de vagues identiques ou presque. La vision est un plus pour le moral et le stress.
La nuit le vent réel est à 23 nœuds et 18 apparents avec des pointes à 23 apparent. La houle est plus haute que notre kayak sur les bossoirs, c’est très impressionnant . Lorsque la crête de la vague nous atteint par le derrière, notre poupe se soulève, notre proue plonge, puis la vague s’aplatit nous envoyant au surf et nous passons de 5 nœuds à des pointes pouvant dépasser 8 noeuds. Puis une vague latérale courte nous fait partir au lof, la barre à roue devient très dure, la vague fait succion, il faut alors donner un grand coup de barre sur tribord qui met du temps à réagir puis part d’un coup envoyant le génois à contre, ce qui est effrayant , et rebelotte grand coup de barre à babord pour redresser le tir et reprendre le cap. Parfois c’est l’impression de conduire un camion fou pour le maintenir sur une route de montagne. Ce sont des coups de barre toutes les secondes, très fatiguant d’où l’expression avoir un grand coup de barre (ma naaan hein, j’rigole !!! mais quand même ça aurait pu !) . Nous sommes vraiment dans des roller coasters dont nous essayons de contrôler la trajectoire manuellement.
Nous avons vraiment perdu un équipier de grande qualité et de grande fiabilité en perdant le pilote automatique.
Et pourtant nous ne prenons aucun risque puisque la grand voile est toujours à la niche dans son lazy bag et nous n’avons sorti que le génois ; voire un ris dans le génois quand le vent se fait trop violent.
La mer ressemble à une estampe marine japonaise avec des crêtes blanches d’écume sur des vagues bleu marine. La nuit, elle nous apparait menaçante.
Il fait très chaud la nuit, d’autant plus que nous fermons les cristal pour ne pas prendre de poissons volants dans la tête. Le stress, l’effort, la chaleur, l’humidité nous font transpirer à grosses gouttes à la prise de quart nocturne , engoncés que nous sommes dans nos gilets. Sécurité avant tout, même si nous nous astreignons à ne pas sortir sur le pont et à nous cantonner au poste de barre.
Tout cela ne nous empêche pas de cuisiner, nous avons installé les barres sur la plaque de cuisson. Filet mignon sauce au vin blanc, olives, champignons, lardons et crème, accompagné de riz ou de gnocchis suivi d’une salade d’oranges, mandarines et prunes à la menthe ciselée. Même si parfois nous devons rester tenir le manche de la casserole le temps de la cuisson pour ne pas voir valser notre composition culinaire.
Nos 2 jeunes équipiers sont remarquables et prennent leur part de galère avec le sourire et de façon égalitaire sans rechigner. Nous leur avions promis une lune de miel cool sous les alizés, ils ont commencé par un Costa croisière pour finir dans une galère avec une mer rude et pilotage à l’ancienne. C’est sûr ils auront des souvenirs à raconter plus tard à leurs petits enfants fiers et ébahis par l’intrépidité de leurs grands parents.
Au matin , il nous reste 200 miles à parcourir pour le Cap Vert .