Dimanche 16 Février 2025
Envoyez la musique : « 5h du mat’ j’ai des frissons, je claque des dents et je remonte l’ancre ».
Trêve de plaisanterie , 5h00 promises, 5h00 levés. Il fait encore nuit, 24° et 87 % d’humidité. Nous mettons 1h30 à remonter le chenal bien balisé de plus de 10 km , décidément nous le verrons jamais de jour ce chenal. Tout est calme et notre navire creuse son sillon tel un bâtiment furtif.
Nous mettons la veste de quart car le vent est frais et à la première à gauche nous prenons la sortie et en avant sur une mer violente de vagues cassantes, une grosse houle courte d’au moins 2 mètres de face et des vagues hachées qui s’entrecroisent, nous projetant sur les arêtes des parois du bateau. Mais qu’ai-je fait pour mériter un tour gratuit de rodéo (et même pas drive ! car je ne suis pas une pretty woman ?) sur un taureau en furie. Vais-je avoir assez d’arnica ?
Le vent est de 19 nœuds et monte à 25, nous prenons 1 ris dans la Grand Voile et avançons entre 8 et 10 avec un vent nous arrivant par le 60 degrés ; le courant, lui, est de 2,2 nœuds et nous entraine au Nord Ouest , notre cap est au 90 degrés.
Une magnifique lune nous accompagne au départ puis cède la place à l’astre d’Or, le jour s’est levé à 6h30.
A 15 h, c’était trop beau, le vent est aux abonnés absents à 6 noeuds venant du Sud avec un courant 2 noeuds dans l’arrière train (qui ne siffle pas 3 fois) qui nous aide à ne pas sombrer dans une totale léthargie nautique avec une vitesse de 5 nœuds. Les vagues nous cassent toujours autant puis une longue houle de travers prend le relai et se calme en début de soirée : envoyez la musique « et tu naves, naves, naves sur cette mer qui te plait, et tu vogues, vogues, vogues, c’est ta façon d’exister, ce rythme qui t’entraine jusqu’aux quarts de nuit réveille en toi une aventure de folie) et nous sommes toujours au moteur.
Au cas où certaines références musicales ou cinématographiques de cette journée auraient pu échapper à certains lecteurs, je rappelle que vous pouvez toujours faire appel à un ami, quant au public, je crains que le mien ne soit restreint. Ce que j’espère (hi !hi !hi !) c’est que ceci vous ait mis les chansons en tête pour la journée (et par la même occasion me maudire).
Bon allez, encore une nuit en pointillés pour la bonne cause. Arrivée prévue demain vers 10h00 à Bimini. Mais nâaaan c’est toujours pas Bikini, prends des notes à la fin! Bon il y a une chanson de Dalida qui s‘appelle « petit bikini » mais c’est trop vieux et je suis bien trop jeune pour pouvoir délirer sur ses paroles.
Le soir est tombé vers 18h30 nous sommes sur la tangente des keys de Floride dont nous apercevons les lumières au loin. C’est la dernière courbe avant la traversée vers Bimini- Bahamas en face de Miami-Floride, il est 19h22 il nous reste 137 km = à vos calculettes >>>>> 74 miles divisés 5 si pas de vent = 15 heures , donc 19h pus 15h moins 24 h = 10 heures, le compte est bon (autre référence trop lointaine pour les djeun’s ) . Bon, je crois que je t’ai perdu là !
L’Europe me fait peur. Elle s’occupe plus de se plaindre de la politique et des remarques des américains que de se remettre en question, se ressaisir et se mobiliser pour aller de l’avant . J’ai bien peur que nous n’ayons que les yeux pour pleurer le jour où l’histoire montrera que le monde des bisounours n’existe pas et que fiston n’est plus là pour protéger la vieille mère enfermée dans son idéologie passéiste qui ne fera que regarder passer le train, impuissante car affolée et complètement tétanisée, telle une boule de flipper. J’ai même bien peur que nous n’ayons dépassé le point de non retour et me demande dans quelles langues étrangères nos petits enfants seront forcés de dire « oui bwana » et à qui ils devront le dire.